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Sur le terrain

Nuisance sonore : À Lyon, L’IGS s’attaque au bruit dans les open spaces

Sur le terrain | publié le : 17.01.2017 | Florence Roux

Le pôle alternance et apprentissage du groupe IGS a diagnostiqué à l’automne dernier la gêne auditive dans son service administratif. Avant même les résultats, les salariés avaient modifié certaines pratiques.

« Je n’avais pas réfléchi au bruit avant que l’association de prévention Journée nationale de l’audition, JNA, ne nous propose un diagnostic en septembre, explique Roselyne Hubert, directrice du pôle Alternance et Apprentissage du Groupe IGS, sur le campus René-Cassin, à Lyon. Pour certains, le bruit est même stimulant, signe d’une bonne ambiance. » À certaines heures, les bureaux du pôle – des petits open spaces de 25 m2, perchés sur la coursive d’un atrium – ont tout de la ruche pour les 30 salariés qui y travaillent : accueil de 1 400 alternants et d’une centaine de formateurs, conversations téléphoniques, travail collaboratif…

« Il est intéressant de partir d’une situation saine pour voir comment le bruit affecte le bien-être, explique Sébastien Leroy, expert en santé publique de JNA. En open space, on est loin du seuil de 80 dB sur huit heures de l’industrie ou du BTP. Mais le bruit peut fatiguer, déconcentrer, gêner l’intelligibilité. »* La directrice ajoute : « Notre service est handi-accueillant. Tester notre propre gêne auditive nous fait aussi mieux prendre conscience de la gêne des autres. »

Redistribuer les bureaux

Réalisé du 26 au 30 septembre, l’audit de JNA ciblait trois champs : l’audition, l’acoustique et la perception de la gêne. Les tests audio n’ont pas indiqué de perte significative de capacités auditives chez les 30 salariés. Les prédiagnostics bruit, eux, ont montré que les portes isolent bien les bureaux des rumeurs de l’immense atrium du campus. En revanche, ils ont révélé des points d’usure dans l’isolation de la façade et des parois intérieures, une climatisation défectueuse. Des défauts que vont réparer les services de maintenance du campus. L’experte, Amandine Moulin, conseille aussi « de redistribuer les bureaux et mobiliers » et « de sensibiliser à une meilleure gestion sonore ».

Ces recommandations font écho aux conclusions de l’enquête auprès du personnel, par questionnaires individuels et petits groupes de parole. Sur 23 personnes qui ont répondu par écrit, 91 % sont gênées par le bruit au travail. Comment ? La moitié met en cause la réverbération des locaux, mais 61 % les conversations téléphoniques et jusqu’à 70 % le passage des élèves. Sept salariés sur dix déclarent des maux de tête en fin de journée ou des troubles du sommeil, 50 % ont la voix fatiguée. Enfin, 65 % des personnes se sentent envahies dans leur espace vital par le passage de collègues et 50 %, par la venue des élèves.

Des coûts pour l’entreprise

À partir des 23 réponses sur le “temps perdu”, l’expert de JNA a estimé que, chaque jour, le bruit faisait perdre 197,98 euros à l’entreprise, la fatigue, 341,98 euros, l’envahissement de l’espace personnel, 330 euros, contre 259 pour la désorganisation. « J’attendais des constats essentiellement techniques, commente Roselyne Hubert. Or, l’audit fait émerger des problématiques d’organisation et de fonctionnement tacite des équipes. Comme cette règle implicite d’être disponible aux autres à tout moment. Cette difficulté à dire non aux étudiants qui se présentent hors des horaires. Ou encore ce sentiment de culpabilité de prendre du temps pour soi. »

Sans attendre les réunions pour redistribuer les bureaux, recadrer la disponibilité aux étudiants ou ménager des temps de répit à chacun, certains salariés ont réorganisé leur mobilier, et tous manifestent plus d’égards envers leurs voisins de bureau. « Aujourd’hui, je demande systématiquement à ma collègue si je ne la dérange pas avant de lui parler, argue Benjamin Lopez, chargé de promotion. Et je baisse le ton au téléphone. » La directrice conclut en souriant : « Nous avons déjà adopté l’expression de pause auditive » !

* La norme Afnor NF S 31-199, adoptée en avril dernier, a entériné ce que les travaux les plus récents montraient : la gêne acoustique dans les open spaces peut engendrer fatigue, stress, troubles de la concentration ou problèmes d’intelligibilité. Avant tout aménagement, il faut bien prendre en compte les activités du service comme les conversations téléphoniques, le travail collaboratif ou l’accueil du public.

Auteur

  • Florence Roux