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Trois questions à Tristan d’Avezac de Moran

La semaine | publié le : 17.01.2017 | Marie-Madeleine Sève

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Trois questions à Tristan d’Avezac de Moran

Crédit photo Marie-Madeleine Sève

Fondateur du cabinet territoires humains et auteur du rapport du lab’ho(1), « penser l’emploi autrement »

Dans votre rapport vous pointez le développement rapide des formes particulières d’emploi. Quelles sont-elles ?

On observe la multiplication du champ des possibles pour les actifs. Outre les CDI et CDD, l’intérim et le CDI intérimaire, le temps partagé, le portage salarial, s’installent les plates-formes de crowdworking qui permettent de faire chez soi du développement informatique, du traitement de l’image ou du son, et l’ubérisation. La multi-activité se développe très vite, regroupant près de 2 millions d’individus (hors indépendants)(2). Paradoxalement, ces nouveaux modes de travail restent encore confidentiels. Toutefois, ils sont plutôt bien accueillis par ceux qui les connaissent. C’est un enjeu pour les DRH qui peuvent tirer parti de cette diversité pour attirer les talents. Je pense à ce responsable de l’espace emploi chez Carrefour qui proposait un poste de CDI à un candidat. Celui-ci a rétorqué : « je préfère en indépendant », et le recruteur a tenté la chose.

Les relations au travail sont également en pleine transformation…

C’est la suite logique. Divers statuts cohabitent, se côtoient, contribuent. L’entreprise devient une Babylone des temps modernes. Elle doit trouver une langue qui soit collective. En outre, avec le travail à distance, il n’y a plus unité de lieu. Et il n’y a pas d’unité de temps non plus, puisque les contrats sont raccourcis : un CDI sur trois est rompu moins d’un an après la conclusion, les CDD de moins d’un mois pèsent pour 70 % des embauches au 1er trimestre 2016. Ceci pose le problème de l’engagement de ces collaborateurs atypiques, et de leur légitimité aux yeux des permanents. Et du côté des jeunes, l’entreprise n’est pas un tout, en soi, et elle ne peut pas tout promettre. Alors autant agir pour qu’ils se sentent bien chez elle, le temps qu’ils y travaillent.

Comment les compétences vont-elles évoluer ?

Ce sont les soft skills – capacité à apprendre, à évoluer, à résoudre des problèmes, à intégrer les changements –, qui prennent le pas sur les compétences techniques, tant celles-ci évoluent rapidement. Le DRH qui mettra en place une sorte de « plate-forme libre service » sur laquelle le collaborateur trouvera des informations, conseils, offres de formation, VAE et opportunités d’exercer une activité sous un autre statut, avec les bénéfices (inconvénients) et les revenus retirés, pourra argumenter que, chez lui, le candidat trouve des outils pour piloter sa carrière. C’est, selon moi, un élément d’attractivité. Le DRH doit désormais être en capacité de gérer des volumes.

(1) Observatoire des hommes et des organisations du groupe Adecco.

(2) voir Entreprise & Carrières n° 1318 du 3 au 9 janvier 2017.

Auteur

  • Marie-Madeleine Sève