Qu’en est-il de l’individu sujet au long de sa vie et dans des espaces multiples quand il est à la fois individu en formation, individu au travail, individu en quête de travail, individu social dans plusieurs sphères (familiale, amicale…) ? L’identité subjective, pourtant au fondement de la confiance en soi, n’est pas toujours évidente. Au contraire certaines formes de travail supposent a priori l’aménagement dans un même espace-temps de ces différentes facettes de l’identité. C’est le cas par exemple des travailleuses familiales qui accueillent au domicile des enfants confiés par la DASS mais aussi de plus en plus de « l’hypertravaileur » dans le secteur tertiaire pour qui le temps personnel et le temps de travail ne sont plus distincts ou encore de la multi-activité des « slasheurs ». Dans tous les cas, le travail est un élément central de la construction de l’identité, voire de sa destruction quand les choses tournent mal. Les auteurs de ce numéro de la Nouvelle Revue de psychologie, prenant pour point de départ le fait que, dans une société complexe, les expériences plurielles l’emportent sur une seule expérience sociale et professionnelle cohérente, explorent comment l’individu sujet tient debout et inscrit une certaine cohérence dans cette polyphonie. À l’inverse, ils n’ignorent pas non plus qu’une expérience et un enseignement absolument cohérents contribueraient davantage à formater des individus calibrés comme des clones que de vrais sujets. Une réflexion intéressante sur les enjeux de la construction de soi au travail abordée au travers de récits de cas multiples et de focales d’analyses elles-mêmes plurielles.