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Sur le terrain

Rémunérations : Via Storia démocratise l’actionnariat salarié

Sur le terrain | publié le : 03.01.2017 | Mathieu Noyer

Dans cette PME alsacienne, les salariés actionnaires le sont via une société civile dédiée qui détient 30 % du capital, sans faire de distinction en fonction des parts individuelles.

L’actionnariat salarié logé dans une société civile : la PME spécialisée dans les prestations audiovisuelles Via Storia (basée à Schiltigheim près de Strasbourg) a choisi cette formule plutôt rare pour organiser la participation de ses collaborateurs à son capital. Cette structure juridique détient 30 % de la SA non cotée. « Elle nous permet d’aller au bout de notre logique de fonctionnement collectif », soutient Jean-Michel Mangel, le président.

Dans ce mécanisme, en effet, les salariés détiennent en quelque sorte une partie de leur entreprise « en bloc », sans qu’il y ait une hiérarchie entre eux en fonction du nombre de titres détenus individuellement. « Cela crée une solidarité. Comme la hauteur de détention de capital par la société civile ne bouge pas – 30 % en l’occurrence –, cela écarte le scénario d’un actionnaire extérieur qui viendrait grignoter le capital par achats successifs auprès de chaque porteur individuel, explique-t-il. Enfin, le dispositif est cohérent avec notre vision : tout le monde a droit au même niveau d’information sur la vie de l’entreprise et peut y contribuer par ses propositions ».

La formule de la société civile a des contraintes juridiques, mais elles n’ont pas pesé dans la décision. Et la proportion de 30 % du capital n’obéit pas à un savant calcul relatif à une minorité de blocage : elle est le produit d’un concours de circonstances au moment de la reprise de la PME à la fin des années 1990 par Jean-Michel Mangel.

Des règles clairement définies

De fait, l’actuel président n’est pas parti de rien en matière d’actionnariat salarié : le fondateur avait ouvert le capital, mais à hauteur de 3 %, donc de façon très symbolique. Il avait également constitué la société civile, si ce n’est que les règles du jeu n’étaient pas très clairement établies. « Désormais, elles sont précises et connues de tous », souligne Jean-Michel Mangel.

La société civile est ouverte aux salariés en CDI ayant au moins un an d’ancienneté. Le fait de quitter l’entreprise oblige à céder ses titres, selon un prix fixé à l’avance, établi à partir de la moyenne des bénéfices des trois dernières années. Celle-ci détermine aussi le montant du dividende, qui est multiplié par cinq pour aboutir au prix de vente (actuellement autour de 200 euros). Pour les actionnaires salariés les dividendes peuvent représenter entre un et deux mois de salaire.

À ce jour, 12 des 20 salariés de Via Storia ont souscrit au capital. Par le passé, avec un effectif inférieur, ils ont déjà été proportionnellement plus nombreux. Mais un « phénomène de génération » quelque peu défavorable s’est invité ces dernières années, constate le dirigeant : « Les trentenaires d’aujourd’hui sont moins réceptifs à cette forme d’investissement de long terme dans une entreprise. Nous, les « anciens », n’avons pas changé de point de vue : ne pas proposer d’actionnariat salarié ne serait pas cohérent avec notre management qui a toujours consisté à rendre les nouveaux entrants très vite autonomes, responsables de choix techniques et budgétaires, en suscitant leur prise d’initiative. »

Les dirigeants de Via Storia s’efforcent donc de motiver les potentiels futurs actionnaires par une information régulière sur l’intérêt de la formule pour la bonne marche collective de la PME. Avec quelques résultats : huit jeunes embauchés récemment ont accepté de sauter le pas. Par ailleurs, le turn-over a diminué. La génération Z deviendrait-elle moins zappeuse ?

Auteur

  • Mathieu Noyer