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Sur le terrain

Emploi : Flexi France organise le prêt de main-d’œuvre pour éviter le chômage partiel

Sur le terrain | publié le : 03.01.2017 | Mariette Kammerer

Pour pallier une baisse d’activité, l’usine normande Flexi France a signé des conventions de détachement avec dix entreprises pour mettre à disposition jusqu’à 250 salariés pendant deux ans.

Flexi France, entreprise de 1 000 salariés appartenant au groupe Technip et spécialisée dans la production de flexibles pour le secteur pétrolier, est impactée par la baisse d’activité sur ce marché. Pour y répondre la direction prévoit une centaine de départs volontaires et 250 mises à disposition de personnel en 2017 et en 2018. Toutes les catégories d’emploi – d’ouvriers à cadres – sont a priori concernées par ce dispositif de prêt de main-d’œuvre. Objectif ? « Conserver nos compétences en attendant une reprise du marché, maintenir la rémunération et l’employabilité de nos collaborateurs, et éviter le chômage partiel », explique Christelle Rogé, DRH. Dans le cadre du prêt de main-d’œuvre à but non lucratif encadré par la loi Cherpion du 28 juillet 2011(1), le salarié prêté conserve son contrat de travail et sa rémunération.

Flexi France a signé des conventions de détachement – entre fin juillet et début novembre – avec dix entreprises de la région normande, dont cinq usines Renault, et des sociétés du secteur industriel et pharmaceutique. « Nous avons fait jouer la solidarité du réseau UIMM, mais la mise en place du dispositif prend beaucoup de temps », ajoute la DRH. La direction a monté une équipe projet, composée du responsable de la production et de deux RRH, et a négocié un accord de méthode, signé le 1er juin 2016 par trois organisations syndicales. « Nous aurions pu nous contenter d’une information-consultation du CHSCT, mais nous souhaitions que les syndicats soient aussi porteurs de la démarche », explique-t-elle. Car le prêt de main-d’œuvre ne peut fonctionner que sur la base du volontariat des salariés, qui se portent candidats au détachement sur des postes proposés par les entreprises d’accueil. Il était donc important de les rassurer : « Nous leur garantissons un poste identique à leur retour et un suivi régulier pendant leur absence, par des visites de nos équipes RH, des mails d’informations, et un suivi des compétences acquises », explique Christelle Rogé. Le CHSCT de Flexi France s’est déplacé dans toutes les entreprises d’accueil pour valider les conditions de travail.

Adéquation des compétences

Flexi France a déjà réuni 160 offres de missions, publiées sur son intranet. Le 5 décembre, lors d’un forum, Renault est venu présenter des postes à pourvoir. « Pour trouver davantage d’offres sur les fonctions supports, on propose aux entreprises d’accueil de faire former nos salariés à leurs besoins spécifiques », ajoute la DRH. Les conventions signées pour deux ans fixent les modalités de recrutement, de suivi, et la durée de la période d’essai. « Quand un candidat postule, on vérifie l’adéquation des compétences, puis il passe un entretien de recrutement avec la RH et la hiérarchie de l’entreprise d’accueil, et enfin, il visite le lieu du détachement, avant de donner sa réponse définitive », explique la DRH. Le gros des effectifs partira en 2017, mais 20 salariés sont déjà mis à disposition depuis mi-octobre, et la direction est satisfaite de leur intégration. « Pour l’instant, elle se passe bien partout, mais l’organisation du temps de travail est parfois différente et nous devons faire les ajustements nécessaires pour qu’ils n’y perdent pas en rémunération », ajoute la DRH. Du côté syndical, la CGT, non-signataire de l’accord de méthode, est plus que sceptique. « Pour l’instant les salariés n’adhèrent pas et il y a très peu de candidats à ce dispositif qui n’est pas assez incitatif, estime Jean-Claude Leclerc, délégué CGT, la direction ne prend même pas en charge les éventuels frais supplémentaires de transport. »

L’article 40, I, de la loi Cherpion précise le but non lucratif en modifiant l’article L. 8241-1 du Code du travail : il ne saurait y avoir de « but lucratif » si l’entreprise prêteuse ne facture, à l’entreprise utilisatrice, que les salaires versés aux salariés, les charges sociales et les frais professionnels remboursés aux salariés mis à disposition.

Auteur

  • Mariette Kammerer