Depuis 2015, l’entreprise a recouru à la VAE pour 27 de ses 250 gestionnaires de paie, à qui elle propose de valider la licence professionnelle RH de l’Université de Rennes. Son dispositif combine des cours magistraux et un accompagnement renforcé.
« La réforme de la formation a mis en avant l’importance des certifications dans la conception des parcours de formation. Nous en tenons compte : plutôt que de proposer des formations d’adaptation au poste, nous développons l’employabilité de nos collaborateurs en leur offrant de viser un diplôme qui rendra visibles leurs compétences », analyse Véronique Flavigny, responsable du pilotage du plan et des dispositifs de formation à Air France. Elle décrit la VAE comme « un acte de reconnaissance des salariés et de réparation des parcours individuels difficiles ».
Elle y a recours pour les métiers de la relation client, ceux de la qualité, ainsi que pour des managers de stewards et hôtesses. En 2015, sa direction l’a lancé aussi pour les techniciens de paie : quarante personnes, sur les 250 gestionnaires que compte ce service, s’étaient déclarées intéressées. Parmi elles, 17 personnes s’étaient finalement engagées, seize d’entre elles ayant réussi à aller au bout de la démarche en validant une licence pro de collaborateur RH, assistant paie et administration du personnel. Dix nouveaux candidats viennent de démarrer le même parcours.
Originalité de ce projet : il combine une action de formation continue avec la conduite d’un accompagnement renforcé en VAE, le tout depuis le lieu et sur le temps de travail.
La DRH voulait pouvoir livrer des connaissances de fond à des salariés dont les tâches d’exécution se sont technicisées et qui se chargent surtout, au quotidien, de faire fonctionner un système d’information de 30 000 dossiers. Il s’agissait à la fois de revaloriser une fonction parfois perçue comme « pousse-bouton » et d’ouvrir des perspectives de mobilité sur des fonctions connexes d’assistant RH.
« Les candidats n’avaient pas de formation initiale liée à la fonction paie », indique Isabelle Husser, responsable du centre de services partagé d’Air France, évoquant notamment des profils marketing ou commerciaux parmi les jeunes professionnels.
Les parcours de VAE sont établis sur une période de 10 mois, de septembre (étude de faisabilité d’un parcours VAE) à juillet (soutenance du rapport d’expérience devant le jury à l’université). Les cours magistraux sont assurés par des professeurs de l’université Rennes 1, à raison de 12 modules en paie, droit du travail, relations sociales, contrôle de gestion sociale, retraite et prévoyance…
Cette université, sélectionnée sur appel d’offres, a notamment été retenue en raison de son expertise en VAE et de sa capacité à organiser des cours en entreprise. Car, de son côté, Air France voulait pouvoir faire intervenir ses cadres RH (la DRH du centre de services partagés, ainsi que des experts en relations sociales et contrôle de gestion), en complément des universitaires.
L’accompagnement des candidats n’a pas été effectué par l’université, mais par le cabinet Les Deux Rives. Il n’était pas laissé sans contrôle : Air France a désigné un manager du service paie pour être le soutien des candidats et leur intermédiaire entre le certificateur, l’accompagnateur VAE et les enseignants de l’université.
« Pour être le meilleur possible dans mon rôle, je me suis moi-même engagé dans un parcours de VAE de manager en gestion des organisations, que j’ai validé à l’IUT de Toulon », indique Pascal Juaz, responsable de la filière non-cadres du service paie. Il a utilisé le réseau social Yammer pour relier les candidats entre eux au moyen d’un « café VAE », leur expliquer les étapes du parcours et leur délivrer les supports de cours.
L’entreprise a mobilisé le CPF, pour financer la VAE, et la période de pro pour financer 130 heures de formation théorique dans ses murs (à raison de trois jours par mois, durant 10 mois). Les coûts de formation et de certification ont été négociés par le cabinet des Deux Rives. À savoir : 2 800 euros de budget (25 heures minimum d’accompagnement : étude de faisabilité, aide au montage du dossier de recevabilité, accompagnement, préparation à l’oral), dont 600 euros de coût de jury. Pour les formations en entreprise, le prestataire a négocié avec l’université un tarif de 170 euros par heure et par groupe. Sur le premier groupe, l’entreprise n’a enregistré qu’un abandon et l’ensemble des candidats en lice ont obtenu le diplôme en intégralité, souvent avec mention.
