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L’enquête

Occitanie : Déléguer pour mieux refonder

L’enquête | publié le : 20.12.2016 | S. F.

La région Occitanie mise sur un système de délégation au niveau des directeurs et des chefs de service et sur un management transversal, pour favoriser « l’intelligence collective » et engager les agents à renouveler les politiques publiques.

« L’objectif n’est pas de fusionner, mais de bâtir ensemble une nouvelle région », lance Simon Munsch, directeur général des services de la région Occitanie, qui a nommé dès son entrée dans la collectivité une directrice générale déléguée, en charge de l’accompagnement au changement et de la démarche de progrès, Ghislaine Lala-Alquier. En mars, il a réuni près de Narbonne tous les encadrants pour un séminaire d’information, soit 300 personnes venues de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, les deux régions regroupées au 1er janvier 2016. Et il leur a exposé ses objectifs : « Il faut travailler ensemble, élaborer des propositions communes, et quitter un modèle hiérarchique très daté pour un management transversal, horizontal, en mode projet, qui favorise l’initiative et la responsabilité de chacun. » Animé par le DGS avec l’aide du cabinet Fleur de sel conseil, le séminaire a posé les bases de la réorganisation.

Principal outil du renouveau : un système de délégation à tous les étages, formalisé par des contrats de délégation. « Il s’agit d’instaurer un peu plus d’intelligence collective, de faire face ensemble aux enjeux, tout en favorisant l’autonomie », argumente Simon Munsch. Le directeur général des services (DGS) est entouré de 10 directeurs généraux délégués (DGD), et les 30 directeurs forment des binômes avec des directeurs délégués. De même, un grand nombre de chefs de service ont un chef de service délégué. L’idée est de mettre en place une régulation collective. Ainsi, les DGD sont des « mini-DGS » et ils n’occupent pas une position de supérieurs hiérarchiques, mais de « coachs » des directeurs. Il existe également 12 directions de projet.

Le schéma de la nouvelle collectivité est bi-site. Les DGD doivent être présents chaque semaine à Toulouse, siège de la région Occitanie, et à Montpellier. Et quand un directeur ou un chef de service est basé dans l’une des deux villes, son délégué réside dans l’autre. À 240 kilomètres de distance, dans une région grande comme l’Irlande, et qui couvre 13 départements, le système de délégation apparaît comme une solution pragmatique, en vue de favoriser les échanges et de rapprocher les cultures malgré l’éloignement. Selon Simon Munsch, l’idée est aussi d’éviter que chaque directeur ou chef de service « défende son mode de fonctionnement », celui d’avant la fusion. Et, plutôt que de se fixer sur « la tuyauterie », il s’agit de motiver les équipes à « réinterroger ensemble les politiques publiques » afin de les renouveler.

Fonctions transférées

Au niveau des directeurs et des directeurs délégués, la mobilité semble faible. « Les anciens directeurs gardent leur poste », affirme Didier Praneuf, secrétaire général de la CGT de la région Occitanie. Ce que confirme l’Unsa-territoriaux, mais en soulignant que « les directeurs délégués ont perdu une partie de leurs compétences ». En revanche, la réorganisation en cours suscite des inquiétudes. « Les agents ont peur de changer de direction, de mission, de déménager », alerte le syndicaliste. « Certains sont sérieusement en souffrance car ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Ils se posent des questions : ferai-je le même métier ? Mon service sera-t-il transféré à Toulouse (ou Montpellier) ?, indique Thierry Vernière, secrétaire général de l’Unsa-territoriaux de la région Occitanie. Depuis le début de l’été, plusieurs agents ont été reçus par le service RH, car leurs fonctions ont été transférées dans une autre direction. »

Reste un autre grand chantier : l’harmonisation des conditions d’emploi. La collectivité a déjà unifié les régimes indemnitaires des catégories B et C, par le haut. Coût : 1,6 million d’euros. Mais les syndicats s’attendent à négocier plusieurs points essentiels, en particulier l’action sociale. Dans l’ex-région Midi-Pyrénées, par exemple, le personnel du siège, qui perçoit les prestations d’une seule association, serait mieux loti que les agents des lycées, rattachés, quant à eux, au Comité national d’action sociale (Cnas).

Repères

Fusion des régions

Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

Effectif

6 630 agents.

Budget

2,89 milliards d’euros.

Auteur

  • S. F.