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L’enquête

Normandie : Une intense mobilité interne organisée tambour battant

L’enquête | publié le : 20.12.2016 | S. F.

La Normandie a opté pour une refonte très rapide de son organigramme sur ses deux sites de Caen et de Rouen, qui emploient 1 200 agents. Chacun abrite des directions différentes et des équipes en grande partie renouvelées. La moitié des agents ont changé de poste au cours de l’été.

La Normandie est la première région à avoir achevé sa restructuration sur ses deux sites de Rouen et de Caen, anciens sièges des deux entités fusionnées. Début septembre, la nouvelle organisation était en effet en place, respectant le calendrier très serré fixé par le président, Hervé Morin. Objectif : « Éviter les doublons, spécialiser chaque site et garder un équilibre entre les deux, sans imposer de mobilité géographique », résume Sylvie Smaniotto, magistrate détachée de la Cour des comptes, déléguée générale à la fusion et à la réorganisation de la région Normandie.

Au printemps 2016, le choix de la spécialisation a abouti à un plan de répartition des directions entre Caen, siège officiel de la nouvelle entité, et Rouen. Tandis que la direction de l’agriculture et celle de l’économie, par exemple, ont été fixées dans la capitale régionale, celle des transports allait dans la préfecture de Seine-Maritime. « Regrouper une direction sur un seul site, c’est plus performant », défend Sylvie Smaniotto. Seuls le service informatique et le service RH sont toujours en double. Ce choix de la spécialisation dès la première année, alors que la majorité des régions optait pour le bisite ou le multisite, a fait débat. « Les directions des deux anciennes capitales régionales avaient déjà commencé à travailler ensemble. Poursuivre cette collaboration aurait permis de préserver les compétences, estime Bruno Thenail, secrétaire de la section CFDT de la région Normandie. Par ailleurs, une gestion bisite à l’heure des technologies numériques, n’est pas problématique ou irréaliste. »

Travail d’écoute et de soutien

L’exécutif ayant tout de même maintenu son choix, la mise en œuvre a été menée tambour battant. Les agents ont été d’abord consultés sur leurs préférences. Avaient-ils envie de garder le même poste ? Acceptaient-ils de bouger ? Voulaient-ils changer de métier ?… Ils pouvaient exprimer un vœu de mobilité, même si leur direction ne se déplaçait pas. Pendant tout le processus, une cellule d’accompagnement RH a été chargée de recevoir les agents « pour écouter leurs souhaits, leurs ressentis », explique la déléguée générale à la fusion qui s’est impliquée dans ce travail d’écoute et de soutien. Puis, en mai-juin, chaque agent désireux, ou contraint, de changer de fonction a reçu cinq offres de postes. Sa candidature a ensuite été examinée par un jury composé d’un membre de la direction concernée et d’une personne de la DRH. Un peu dans la précipitation selon certains. « Il n’y avait pas de fiche de poste détaillée et on ne savait pas qui était le chef de service, critique Dominique Martor, secrétaire général de la CGT de la région Normandie. Tout s’est fait à la va-vite. » Les syndicats se sont mobilisés et ont déposé un préavis de grève en juin, mais n’ont pas obtenu un ralentissement du processus. « Les agents nous demandaient d’aller vite parce que la fusion était anxiogène et parce qu’ils voulaient s’organiser avant l’été », réplique Sylvie Smaniotto.

Résultat : au début de l’été, l’organigramme était quasiment abouti. Les déménagements de bureau se sont déroulés en juillet-août. Rouen (550 agents) et Caen (650 agents) conservaient les mêmes effectifs. Une trentaine seulement ont fait leur valise, le plus souvent en quittant Rouen pour Caen. Ainsi, l’équilibre était respecté. Mais c’est au prix d’une mobilité fonctionnelle d’une ampleur inédite : 600 agents ont changé de poste, dont la moitié a changé de direction et donc de métier. Par exemple, « des gens du service informatique sont partis au service cartographie, une personne de la gestion financière a été prise dans la direction transports », détaille Dominique Martor.

Plan de Formation sur mesure

« La collectivité a mis au point un plan de formation sur mesure, de septembre 2016 à fin 2017, pour les agents qui occupent de nouvelles fonctions », souligne Sylvie Smaniotto. De septembre à fin novembre, 200 agents ont déjà bénéficié d’actions collectives in situ d’une durée de deux à trois jours pour acquérir des compétences métiers (80 % des actions : logiciels, connaissance d’un secteur, marchés publics, fonds européens, etc.) ou transversales (management…). Les cycles ont commencé en octobre.Cependant, la période de transition est très tendue. De nombreux d’agents se retrouvent aujourd’hui entre deux postes, transmettant les dossiers à leur successeur tout en se formant à leur nouveau métier. « Il y a des tuilages, cela peut durer quatre à six mois. Pour certains, c’est difficile. Mais cela va s’équilibrer », admet Sylvie Smaniotto, qui estime que la fusion est « réussie ». « Des directions sont bien dotées et au complet, d’autres sont mal dotées ou ont des postes vacants », déplore Bruno Thenail, de la CFDT.

En parallèle, le changement d’outils et de procédures dû à leur harmonisation bouscule aussi une partie des agents, accentuant les difficultés. Dominique Martor, secrétaire général de la CGT de la région Normandie, s’inquiète de la « désorganisation ».

Repères

Fusion des régions

Basse-Normandie et Haute-Normandie.

Effectif

5 000 agents.

Budget

1,9 milliard d’euros.

Auteur

  • S. F.