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L’enquête

Hauts-de-France : Une réorganisation concertée

L’enquête | publié le : 20.12.2016 | S. F.

Nouveau schéma d’organisation bisite, création d’antennes territoriales, mobilité interne, harmonisation des conditions d’emploi : la région Hauts-de-France avance dans sa reconfiguration en s’appuyant sur la concertation.

« Nous formons les directeurs au management de la confiance. Il s’agit de favoriser les initiatives et les expérimentations : testons, innovons, évoluons ! » Laurent Vercruysse, directeur général des services (DGS) de la région Hauts-de-France, dit vouloir profiter de la réorganisation interne pour insuffler de nouvelles méthodes de travail. La récente « direction du management stratégique » anime régulièrement un séminaire des directeurs depuis le début de l’automne. « Il s’agit aussi de sortir d’une organisation pyramidale, en tuyaux d’orgue, il faut que les services dialoguent entre eux », continue le DGS. Quarante personnes ont été nommées à la tête de directions ou de missions en septembre. Vingt occupaient ce type de fonction, les autres étaient dans leur grande majorité des adjoints ou des chefs de service. Un brassage conduit par le DGS et les élus du conseil régional au terme d’une procédure de recrutement interne surveillée de près par les syndicats.

La fusion des ex-régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie est conduite pas à pas, après une alternance qui a mené la majorité Les Républicains au pouvoir en décembre 2015, et des élections professionnelles, le 23 juin 2016, gagnées par la CFDT. Le nouvel exécutif a d’abord revu le schéma global d’organisation des services généraux, validé le 11 juillet par le comité technique, principale instance consultative paritaire. Ce schéma bisite conserve la répartition des effectifs, deux tiers à Lille et un tiers à Amiens. Mais toutes les directions (ou missions), qu’elles soient basées dans l’une ou l’autre ville, ont été redéfinies en fonction des nouvelles politiques publiques impulsées et de manière à supprimer tous les doublons. Autre changement majeur : la région ouvre une vingtaine d’antennes territoriales, environ une par arrondissement, entre décembre 2016 et le printemps 2017, afin de rapprocher l’administration du citoyen.

Concertation et négociation

Le comité technique du 11 juillet a également validé la méthode mise au point à la demande des syndicats qui ont mobilisé le 20 mai, à Lille et à Amiens, quelques centaines d’agents, inquiets du processus de fusion. Un “comité de concertation et de négociation”, regroupant tous les syndicats et présidé par Brigitte Fouré, vice-présidente du conseil régional, se réunit une fois par mois pour discuter du processus en cours. Au sein de chaque direction, les nouveaux directeurs, dits “préfigurateurs”, car chargés d’élaborer une nouvelle organisation, animent la concertation avec les agents, sous le regard des syndicats. En plus du séminaire de management, « ils peuvent demander l’aide d’un coach au cabinet EY (Ernst & Young), mais il est très peu sollicité », précise Laurent Vercruysse. « Trois principes guident la mobilité interne depuis juillet : sécurité, opportunité et transparence. Chaque agent doit se voir proposer un poste au moins équivalent en grade et en mission, les postes vacants doivent être ouverts à tous, et tous doivent en être informés », expose Benoît Guittet, cosecrétaire de la section CFDT de Hauts-de-France

Diagnostic des risques professionnels

Par ailleurs, un cabinet d’experts est chargé par le CHSCT de conduire un diagnostic sur la réorganisation. « Il a pour mission de pointer les risques professionnels, y compris les risques psychosociaux, et de faire des préconisations pour corriger le processus là où il montre des faiblesses », rajoute Benoît Guittet.

L’objectif de l’exécutif est d’achever la fusion en mars 2017. Mais des difficultés ont surgi. « Il manque encore deux directeurs préfigurateurs, la situation est très tendue dans certains services, le climat de la fusion est anxiogène, en particulier en Picardie », s’inquiète l’élu syndical. « La cellule RH d’accompagnement de la mobilité interne est sous-dimensionnée. Des gens se sentent déclassés, d’autres n’ont plus de dossiers, déplore-t-il. Sur 3 000 agents à Lille et Amiens, 1 500 sont des cadres. Ils ont une expertise, il faut donner du sens à leur travail, on ne les met pas à la tâche en claquant des doigts. »

En parallèle, l’unification des procédures, des outils de gestion et des systèmes d’information est en cours. Mais la question la plus sensible porte sur l’harmonisation des conditions d’emploi et de déroulement des carrières. Deux points ont été réglés au cours de l’automne. La politique d’avancement de grade a été unifiée, avec un taux fixé à 60 % des agents éligibles. Et un accord est intervenu sur la fusion des deux systèmes d’action sociale, prévue au 1er janvier 2018. Cependant, reste à unifier régimes indemnitaires et temps de travail, autres sources de crispation…

Repères

Fusion des régions

Nord-Pas-de-Calais et Picardie.

Effectif

9 210 agents.

Budget

3,27 milliards d’euros.

Auteur

  • S. F.