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Sur le terrain

Prévention : La municipalité de Saint-Sébastien-sur-Loire prévient les TMS des agents

Sur le terrain | publié le : 06.12.2016 | Marie Albessard

La municipalité de Saint-Sébastien-sur-Loire a engagé une démarche de prévention des TMS, par l’intervention d’un kinésithérapeute ergonome et de ses étudiants auprès des agents des espaces verts et de l’hygiène et de la restauration. L’opération va se renouveler dans d’autres services.

Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique, 26 000 habitants) compte 500 agents municipaux, âgés de 48 ans en moyenne. En 2013, la municipalité s’alarme du taux d’absentéisme dans les services des espaces publics – espaces verts et grands espaces – (18 %) et de l’hygiène et de la restauration des écoles (14 %), alors que le taux moyen de la collectivité est de 8,96 %.

Désherbage manuel

« En parlant avec le responsable des espaces publics, je me suis aperçue qu’avec le zéro phyto [arrêt d’utilisation des désherbants chimiques, NDLR], les agents pratiquaient un désherbage manuel. On a fait le lien avec le nombre d’arrêts », explique Corinne Latarche, directrice générale adjointe à la mairie en charge des ressources, qui ajoute : « Beaucoup d’agents des espaces verts souffraient des articulations. » Des douleurs « déjà présentes » aggravées par le désherbage manuel, selon Nicolas Scotet, paysagiste.

Les formations « gestes et postures » s’étant avérées insuffisantes, la Ville souhaitait donc installer une prévention durable et réduire les arrêts de travail. Une convention a été établie dans ce but, en 2014, avec l’Institut régional de formation aux métiers de la rééducation et de la réadaptation (IFM3R), installé dans la commune. Celui-ci fait intervenir Julien Gagliardi, à la fois kinésithérapeute, ergonome et enseignant, ainsi que ses étudiants, d’abord pour le service des espaces verts, puis pour celui de l’hygiène et la restauration. L’action sera reproduite l’an prochain dans un autre service.

Julien Gagliardi est d’abord intervenu pour établir un bilan psycho-social, cognitif et organisationnel avant d’observer, avec ses étudiants, les gestes et postures des agents, puis d’établir un bilan physique. « Le but est de comprendre l’écart entre la tâche confiée aux opérateurs et leur activité réelle, afin d’apporter des pistes d’amélioration pour que leurs équipements ou l’organisation du travail correspondent à leur activité réelle », explique-t-il. Il en a tiré des préconisations pour la prévention des TMS (échauffements, acquisition d’outils à batterie, plus légers…) et sur l’amélioration des conditions de travail (organisation de temps d’échanges…). Celles-ci ont fait l’objet d’une étude de faisabilité et de simulation d’impacts (par exemple grâce à une maquette représentant un chantier) par un groupe de travail opérationnel.

Ce groupe, auquel Julien Gagliardi est associé, est constitué d’agents volontaires du service et de responsables d’équipes. Un autre groupe, décisionnel, composé des mêmes responsables d’équipes, de Corinne Latarche, de membres des RH et du médecin du travail, les valident, avant l’aval final du CHSCT.

Cette intervention d’environ 20 jours par an (observation et groupes de travail) a été suivie de la mise en place des recommandations sur l’organisation du travail. Exemple : les élèves passent à la cantine par groupes de dix, pour réduire le bruit et le stress des agents. De nouveaux outils sont également acquis progressivement : déjà 91 378 euros investis pour du matériel électrique, des bennes et deux camions bennes.

« Mes douleurs au dos se sont réduites grâce au nouvel outillage et aux exercices de l’ergonome, que j’essaie d’appliquer tous les jours », témoigne Nicolas Scotet. De cette démarche à 3 000 euros par an – financée sur le budget prévention et sécurité –, la municipalité tire un bilan positif : « Les agents manifestent davantage leurs douleurs, conclut Corinne Latarche. La parole se libère car les intervenants sont des professionnels de santé, extérieurs à la municipalité. » Elle ne pourra chiffrer l’impact de la démarche sur les arrêts de travail qu’en 2017, mais constate déjà, au service des espaces verts, des besoins moindres de remplacements d’agents.

Auteur

  • Marie Albessard