LES REFUGIES ELIGIBLES OU NON AU DROIT D’ASILE, réfugiés politiques ou économiques, sont de plus en plus visibles dans l’espace public suscitant des réactions de rejet de plus en plus fréquentes des populations locales qui y voient une menace pour leur sécurité ou leur emploi. Plus souvent offerts aux regards que la plupart d’entre nous du fait de la précarité de leurs conditions d’habitation et de subsistance, ils semblent réifiés comme inlassables demandeurs d’assistance, de travail, de papiers, etc. On s’interroge rarement sur les conséquences psychiques pour ces populations tour à tour rejetées, stigmatisées ou gratifiées mais dans tous les cas dépendantes. Alexandra Felder, sociologue spécialiste des questions de parcours migratoires, à partir d’entretiens avec plusieurs dizaines de migrants, analyse comment la précarité matérielle et de statut peut créer une incertitude psychologique d’autant plus redoutable que les migrations multiplient pour l’individu les déchirures affectives, les remises en question de valeurs personnelles, sociales, professionnelles c’est-à-dire tous les éléments sur lesquels se fondent l’identité d’une personne. Elle montre aussi comment l’activité et pas seulement l’emploi participent de la résilience et améliore les chances d’insertion sociale et professionnelle.