« Avant d’accueillir des travailleurs souffrant d’une maladie psychique, puis d’en recruter un en CDI en janvier dernier, je n’avais pas d’a priori sur ce handicap, mais ne connaissais pas non plus les maladies et difficultés qu’il pouvait recouvrir : je les ai découvertes au fil des rencontres », reconnaît Delphine Menetrier, responsable du service logistique de Durance. Ce fabricant de cosmétique et de parfums à Grignan, dans la Drôme provençale, compte une soixantaine de salariés répartis entre trois sites principaux à Grignan (siège, production), Valréas (logistique) et Avignon (fonctions supports).

En 2013, des conseillers de l’association d’insertion Messidor proposent à la directrice d’accueillir deux des salariés handicapés psychiques d’une de leurs entreprises adaptées. L’année suivante, Delphine Menetrier reçoit dans l’entrepôt de Durance Christophe et Julien, chacun pour des « mises à disposition » de quinze jours, puis d’un mois et demi. Ils sont accompagnés de leurs tutrices, dans le cadre de “parcours tests”.

Essais réussis pour les deux, même si un seul, Christophe, un peu plus à l’aise, se voit proposer au printemps 2015 un CDD de trois mois, prolongé d’un contrat de six mois, transformé en CDI en 2016. Sans cesser d’être suivi par ses accompagnants de Messidor.

Le salarié est efficace et progresse vite dans sa connaissance du métier. Mais après quelques mois, la directrice, puis ses collègues, notent une légère baisse d’enthousiasme et de qualité dans son travail. « Rien de grave », assure Delphine Menetrier, mais une attitude en décalage avec ce qu’il a montré jusqu’alors. Pendant quelque temps, la responsable « fait le tampon avec les membres de l’équipe, qui ont oublié le handicap psychique de leur collègue, tant celui-ci s’est bien intégré. C’est un handicap qu’on ne voit pas ». Parallèlement, elle cherche les raisons du changement avec la conseillère de Messidor, « très présente », qui assure notamment le lien avec les soignants. Il semble alors que le salarié, en pleine forme, a interrompu son traitement.

« En tant qu’employeur, c’est délicat de parler de vie privée et de santé avec un salarié, remarque la responsable. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Je lui ai juste dit de prendre soin de lui. Et combien il était important qu’il retrouve son bien-être au travail. Dans l’entreprise, on est souvent à flux tendu. Mais tout le monde s’est impliqué dans le challenge de l’insertion. » Aujourd’hui, selon la responsable, le salarié s’est redressé, a retrouvé le sourire et l’énergie.

En dépit du temps passé à comprendre cette situation, la directrice de la logistique se félicite de ce recrutement : « L’accompagnement de Messidor renforce la réussite. Et les personnes qui ont vécu un grand mal-être arrivent dans l’entreprise avec un profond besoin de travailler. Ils ont une motivation exceptionnelle. Ils respectent les horaires, sont peu absents. Cette aventure a resserré les liens et créé une émulation dans l’équipe ».

En décembre, Delphine Menetrier veut proposer au comité de direction de Durance d’accueillir d’autres salariés en situation de handicap psychique, en particulier à la production. « Nous pensons intégrer une équipe de cinq à dix personnes, avec un responsable d’unité de production de Messidor, précise-t-elle. Je souhaite également accueillir des stagiaires sur des tâches d’assistant commercial et de préparateur de commande, toujours en lien avec cette association. C’est intéressant de combiner différents outils d’intégration, adaptés aux équipes et à l’activité. »

Activité

Fabricant de cosmétique et de parfums.

Effectif

Une soixantaine de salariés.

Chiffre d’affaires 2015

13,7 millions d’euros.