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La chronique

Se libérer du rétrécissement

La chronique | publié le : 29.11.2016 |

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Se libérer du rétrécissement

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Meryem le Saget conseil en entreprise

L’esprit de l’homme

a besoin de délimiter son univers, de définir des frontières. Le petit enfant commence par nommer les choses qui l’entourent puis les expériences qu’il vit. Agréable, désagréable, bien, mal… Trop d’informations le submergent, donc il sélectionne : ça je garde, ça je laisse de côté, il intègre ce qu’il comprend. Naturellement, son explication du monde va se construire à partir de sa sélection, qu’il veut cohérente. Quelque chose ne rentre pas dans le cadre ? Il le rejette ou le critique, de façon assez catégorique parfois. D’ailleurs, à l’école, la récréation n’est pas toujours un espace de tolérance et d’intégration de l’autre !

Jeune adulte,

l’individu doit choisir encore : études, métier, style de vie, mariage, logement, centres d’intérêt. La vie fourmille de bifurcations. Autour des choix effectués, des limites se mettent en place. Tant qu’on rêve d’acheter une voiture, toutes les voitures nous appartiennent. Le jour où l’on en achète une, on perd toutes les autres. Décider, c’est choisir, et donc éliminer des possibles. Si cela mène au bonheur, c’est parfait. Mais est-ce toujours le cas ? Parfois, choix après choix, on se réveille un jour dans une vie compliquée, formatée à l’étroit, pas du tout conforme à ce que l’on avait espéré.

Rebelle,

l’esprit humain veut alors reprendre les choses en main. Il “nomme” de nouveau son expérience. Job stressant, responsabilités contraignantes, relations difficiles… justifiant ainsi sa vie décevante. Après les situations, il étiquette les personnes : « mon boss est impossible », ou « mon environnement ne m’aide pas ». En normalisant son expérience par une justification, le malaise devient un peu plus supportable.

La vérité

est que la personne n’a pas vu venir ce rétrécissement. Et qu’elle ne sait pas sortir des limites qui se sont progressivement installées. Cela nous arrive à tous. Effectivement, la construction de soi se fait par la sélection, l’engagement, et devant chaque bifurcation le choix d’une option. C’est un mouvement progressif, convergent, focalisé. L’essor de la personnalité, en revanche, se fait en ouvrant les portes de sa citadelle. Mouvement d’ouverture et de réceptivité, presque l’inverse en somme. À nous de gérer en permanence ces deux dynamiques. Que sont devenues nos aspirations ? Où sont nos espaces de liberté ?

Attention,

le piège serait de croire que l’engagement enferme. Erreur, la liberté intérieure ne s’acquiert pas en évitant les contraintes mais en les dépassant. Pour cela il faut plonger dans le concret, prendre les situations à bras-le-corps et trouver des réponses nouvelles. Tout en gardant l’esprit libre, relié à ses aspirations et ses rêves.

Dans notre vie,

où est l’oxygène, l’inconnu, le non-encore-cartographié ? Savons-nous avancer en territoire inconnu avec confiance, en résistant à la tentation immédiate de cataloguer notre expérience pour la faire entrer dans le moule ? Un voyage imprévu, une rencontre surprenante, un rythme différent du nôtre, un regard étranger, une audace dans nos décisions peuvent apporter une perturbation joyeuse dans notre cohérence patiemment construite au fil des années. Vivre c’est accepter d’explorer chaque jour cette “Terra Incognita”, cette zone inconnue qui n’aime pas la limitation. C’est libérer son cœur et son esprit, pour exister pleinement.