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Canada : La police de Montréal mise sur les conditions de travail

Sur le terrain | International | publié le : 22.11.2016 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : La police de Montréal mise sur les conditions de travail

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Alors que le malaise des policiers français atteint un sommet, la police de Montréal sait choyer ses agents.

« Les policiers municipaux, une classe à part ? », s’est questionné le Journal de Montréal avec un titre un brin populiste. Voire. Si l’ensemble des corps policiers français se plaignent d’un manque de moyens, de salaires trop peu élevés, les 6 000 employés, dont 4 600 agents du Service de police de Montréal (SPVM) apparaissent comme des privilégiés en comparaison de leurs collègues français. Dans une province où le salaire minimum annuel est de 19 500 dollars (13 200 euros), un simple policier perçoit 77 000 dollars (51 700 euros) après six années de service, auquel il faut ajouter les primes. Cela n’empêche pas les policiers de courir après les heures supplémentaires. Plus de 25 % d’entre eux ont gagné plus de 100 000 dollars en 2014 grâce à elles. Les policiers ont entre deux et six jours de repos hebdomadaires, après avoir travaillé quatre jours consécutifs, jour ou nuit, par quart de 8 h 30. « C’est trop lourd pour avoir une vie de famille. Beaucoup de policiers vivent en couple et garder les enfants devient difficile », estime un jeune policier rencontré dans un café de Montréal.

Fonds de pension

Il dispose d’un excellent fonds de pension et comme 98 % de ses collègues le font, il pourra prendre sa retraite à 50 ans, après 29 ans de service. Les policiers, qui doivent leurs avantages sociaux à une longue lutte syndicale, sont actuellement représentés par la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM). Parmi les syndiqués, on compte 1 500 femmes, les premières étant entrées dans la police en 1979. Le bilan est plus contrasté pour l’intégration des communautés ethniques. Malgré un programme d’embauche par discrimination positive et des campagnes de séduction pour « renforcer ses relations avec les communautés culturelles », le SPVM ne comptait en 2012 que 307 policiers issus des minorités visibles. Le patron des policiers, Philippe Pichet, estime que son métier est mal perçu par ces dernières.

Montréal a pourtant choisi au milieu des années 1990 de prendre le virage de la police de proximité avec une forte implication sociale dans les quartiers difficiles. Les policiers sont respectés par leurs concitoyens. D’une part, à cause de leur accessibilité, mais aussi parce qu’ils ne restent pas dans leur commissariat : patrouilles à pied, en voiture, en vélo et interventions au moindre appel pour une nuisance sonore, une tentative d’intimidation ou de cambriolage.

Plus étonnant, plusieurs études ont montré que les agents n’étaient pas plus stressés que d’autres professions. Notamment parce que le SPVM a créé en 1999 un Programme d’aide aux policiers et policières. En vertu de ce dernier, les agents ont accès 24 heures sur 24 à une ligne d’écoute anonyme animées par des collègues et des psychologues, une ligne où ils peuvent vider leur cœur tant sur des problèmes personnels que professionnels. Entre 1990 et 2010, le taux de suicide chez les policiers aurait ainsi chuté de 78 %.

Contestation

Malgré ces conditions de travail plutôt privilégiées, les agents du SPVM se plaignent depuis des années. La plus récente contestation porte sur une réforme de leurs régimes de retraites. Les policiers ont quitté depuis deux ans leurs uniformes pour revêtir des pantalons de treillis verts, gris ou parfois roses ! Là, le message syndical ne passe pas dans la population, car plus de 50 % des travailleurs québécois n’ont pas de fonds de pension de leur employeur.

Se sentant soutenu par les Québécois, le gouvernement a, du coup, déposé cet automne un projet de loi pour que les relations de travail soient désormais supervisées par le ministère des Affaires municipales, plutôt que par le ministère du Travail. Inacceptable et un véritable conflit d’intérêts selon le président de la FPPM, Yves Francoeur, qui explique : « C’est comme si dans le secteur privé c’était le ministère de l’Industrie et du commerce qui avait la responsabilité de superviser les négociations des conventions collectives ».

Dans les médias

CBS NEWS. Fini la bière gratuite pour les retraités du houblon

Les retraités de Labatt, le géant canadien de la bière, ne pourront bientôt plus boire de la bière gratuitement. Cet « avantage social « que l’entreprise accordait à ses anciens salariés disparaîtra complètement d’ici à 2019. Selon Labatt, offrir des bières à ses retraités coûte trop cher. Encore trois ans pour les anciens, avant d’être à l’eau ! CBC News, 13 novembre 2016. Radio-télévision publique.

LA PRESSE. Les start-up : plus de 10 000 emplois à Montréal

Selon une étude de la firme de services-conseils Credo, les start-up génèrent plus de 10 000 emplois à Montréal. Les fondateurs de ces jeunes pousses, comme les Québécois appellent les start-up, sont à 80 % des hommes, âgés en moyenne de 33 ans. Les start-up contribuent pour 600 millions de dollars par an à l’économie montréalaise. La Presse, 10 novembre 2016. Ancien quotidien montréalais devenu un site Web.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann