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Pendant la crise aviaire, les formations continuent

Zoom | publié le : 25.10.2016 | Solange de Fréminville

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Pendant la crise aviaire, les formations continuent

Crédit photo Solange de Fréminville

En raison des mesures draconiennes prises pour éradiquer la grippe aviaire dans le Sud-Ouest, de nombreuses entreprises ont tourné au ralenti au printemps et pendant l’été. Une opportunité pour envoyer des centaines de salariés en formation, encouragée par des aides publiques.

D’avril 2016 jusqu’à début 2017, le groupe Valette Foie Gras aura formé tous ses salariés, au nombre de 200, sur un total de 17 000 heures financées par le FPSPP, les régions Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, ainsi que par l’Opca du secteur de l’agroalimentaire : Opcalim. C’est l’un des plus importants programmes de formation engagés par une PME de la filière “palmipèdes gras” à la suite de la grippe aviaire, significatif d’une mobilisation inhabituelle dans le sud-ouest de la France. La période de crise et d’inactivité a en effet été mise à profit pour former les salariés de façon plus intensive.

Activité partielle encouragée

La crise a été brutale. Pour éradiquer une épidémie de grande ampleur détectée en novembre 2015, les pouvoirs publics ont pris des mesures de dépeuplement puis de « vide sanitaire » visant 4 000 élevages dans 15 départements, de janvier à mai 2016. Un cataclysme pour les accouveurs et éleveurs de canards et d’oies, les gaveurs, mais aussi l’abattage, la découpe, les conserveurs de foies gras, les producteurs de magrets et confits…

Pour soutenir la filière, l’État a notamment encouragé l’activité partielle en offrant de verser une allocation aux entreprises. À condition de s’engager dans cette voie de secours, elles ont eu droit à des aides conséquentes pour financer la formation de leurs salariés : la prise en charge des coûts pédagogiques à hauteur de 70 % par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) et à 25 % ou 30 % par chacune des régions concernées, ainsi qu’un financement public complémentaire des salaires. Le reste à charge pour les entreprises est minime.

Et leur intérêt, une fois engagées dans une activité partielle, n’est pas négligeable : « Cela nous permet de garder le lien avec les salariés, de renforcer leurs compétences et de maintenir leur niveau de rémunération », argumente Cécile Cissé, DRH du groupe Valette Foie Gras, qui rappelle que l’argent n’est pas tombé du ciel… « Nous nous sommes démenés pour avoir des fonds. Nous avons sollicité les services de l’État, la CCI, Opcalim, la branche », témoigne-t-elle.

Depuis avril, en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, 426 entreprises ont été autorisées à mettre en œuvre 1,2 million d’heures d’activité partielle, selon la Direccte. Au 31 août, environ 30 % de ce total avait été réellement consommé. « Ce taux est habituel dans l’activité partielle. Depuis quelques années, le nombre d’heures consommées diminue, car les entreprises anticipent de plus en plus leurs difficultés et arrivent à trouver des solutions alternatives, notamment lorsqu’elles sont en multi-activités et parviennent à affecter leur personnel sur d’autres fonctions », explique Yolande Péguin, référente activité partielle de la Direccte Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.

Financements

Trois Opca – Opcalim, Opcalia, Fafsea – ainsi que le fonds d’assurance formation des actifs non salariés agricoles Vivea, se sont rapidement impliqués pour mobiliser les financements du FPSPP et monter les premiers programmes de formation. Selon le plan prévisionnel d’Opcalim en Aquitaine, une trentaine d’adhérents ont prévu de former environ 1 900 salariés sur 50 000 heures, pour un coût frôlant un million d’euros. Pour sa part, Opcalia annonce 11 000 heures de formation pour 500 salariés d’une quinzaine d’entreprises aquitaines de la branche Transformation des volailles, soit une dépense de 170 000 euros.

Le compte personnel de formation (CPF) et la période de professionnalisation ont été largement mis à contribution. Objectif : financer un grand nombre de formations qualifiantes au cours des quelques mois d’activité partielle et sans que cela pèse sur les comptes des employeurs. C’est, selon les Opca, la spécificité des programmes engagés. « Un bilan provisoire réalisé fin août montre que les actions qualitatives sont importantes : nombre de salariés ont été accompagnés vers des certificats de compétences professionnelles (CCP) du ministère du Travail, des certificats de qualification professionnelle (CQP) de branches, ainsi qu’une diversité de formations certifiantes plus courtes », souligne Franck Delas, conseiller formation d’Opcalia.

Six certificats de qualification

« Il y a un gros volant de certifications », confirme Pascale Ginestet, conseillère formation d’Opcalim. Ainsi, pas moins de six CQP figurent sur le programme concocté par cet Opca à la demande de ses adhérents : conducteur de machine, conducteur de lignes, sertisseur, agent logistique, ouvrier qualifié en nettoyage industriel et responsable d’équipe. Des PME ont également opté des certificats Tosa (bureautique), Voltaire (orthographe), CléA (socle de connaissances et de compétences professionnelles) ou encore manager de proximité (Cesi).

Pour autant, les plans de formation ont surtout été mobilisés, par une large majorité d’entreprises, autour de deux objectifs majeurs. D’une part, le renforcement de l’hygiène et de la biosécurité dans le contexte de prévention de la grippe aviaire. D’autre part, l’amélioration des techniques dans les métiers de la filière, depuis la production jusqu’à la commercialisation. Selon le plan prévisionnel d’Opcalim, une vingtaine de thèmes ont été mis au catalogue. Le bilan sera dressé début 2017.

Auteur

  • Solange de Fréminville