logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Allemagne : Trumpf s’organise pour quatre ans

Sur le terrain | International | publié le : 25.10.2016 | Marion Leo

Image

Allemagne : Trumpf s’organise pour quatre ans

Crédit photo Marion Leo

Fidèle à sa réputation de pionnier, le spécialiste de la métallurgie a signé avec son CE un accord qui vise à préparer les salariés aux défis de la révolution numérique, et à faire face à des pics de production soudains.

Au sein des usines de Trumpf, spécialiste allemand de l’usinage du métal et des technologies laser (10 000 salariés dans le monde pour un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros), la révolution numérique bat son plein. « D’ici à cinq ans, tous nos moyens de production seront réorganisés selon le concept d’industrie 4.0 », indique Heidi-Melanie Maier, la porte-parole de l’entreprise.

Face aux changements induits par cette révolution, l’entreprise, qui avait inventé en 2011 le temps de travail « à la carte », a signé cet été avec son CE un nouvel accord d’entreprise pionnier, baptisé Pacte pour l’emploi 2021. « Nous devons préparer nos collaborateurs à l’industrie 4.0, mais aussi répondre à une demande mondiale de plus en plus volatile », explique la porte-parole. Pour relever ces défis, la direction et le CE ont élaboré, avec le soutien de l’IG Metall, un accord en plusieurs volets, dont le déploiement a débuté le 1er octobre au siège de l’entreprise situé à Ditzingen. Il sera ensuite mis en œuvre sur tous les sites allemands, qui emploient près de 5 400 salariés.

Innovation centrale, le nouveau pacte supprime le décompte hebdomadaire ou mensuel du temps de travail au profit de son annualisation.

Flexibilité annuelle

Au cours d’une année, le salarié devra effectuer le nombre d’heures de travail prévu par son contrat de travail (soit 1 610 heures pour un contrat de 35 heures). Mais la répartition de ces heures durant l’année sera désormais flexible. En fonction de la charge de travail, avant un salon professionnel par exemple, un responsable de département pourra demander, directement et sans passer par le CE, à son équipe de travailler plus longtemps, dans le respect bien sûr des limites imposées par la loi sur le temps de travail. « En période de forte activité, un collaborateur pourra par exemple travailler jusqu’à 50 heures par semaine. Une fois le calme revenu, il pourra passer à une semaine de 30 heures ou prendre une semaine de libre, en plus de ses congés habituels », explique Heidi-Melanie Maier, qui précise bien qu’il ne s’agit pas d’augmenter le temps de travail des salariés. Ces derniers posséderont un compte épargne temps où ils pourront accumuler jusqu’à 200 heures au maximum ou retirer au contraire 100 heures.

En fin d’année, ce compte devra être ramené à l’équilibre. « L’entreprise sera ainsi en mesure de réagir avec une flexibilité accrue à des pics soudain d’activité, mais le salarié pourra lui aussi désormais récupérer plus facilement ses heures. »

Autre élément de flexibilité : les salariés pourront désormais effectuer, avec l’accord de leur manager, 20 % de leur temps de travail en dehors de l’entreprise. Selon la porte-parole, ce modèle de « travail mobile », déjà mis en œuvre par d’autres entreprises, est nouveau chez Trumpf et viendra compléter le premier volet de l’accord. « Un salarié qui doit travailler plus longtemps pourra par exemple décider d’effectuer une partie de son travail chez lui, au calme. » Le travail mobile effectué le soir ou le samedi (interdit le dimanche) ne donnera pas lieu à des primes, sauf s’il a été ordonné par un responsable.

Renforcement de la polyvalence

Le troisième volet de l’accord est tourné vers l’avenir. Sachant que la révolution numérique va entraîner la suppression de nombreux postes et requérir de nouvelles compétences, Trumpf renforce son offre de formation. « Tous nos collaborateurs, ceux de la production mais aussi de la comptabilité, de la communication, sont concernés par ces évolutions. Nous voulons les préparer de façon ciblée et renforcer leur polyvalence », souligne la porte-parole.

Chaque salarié disposera d’un crédit de 1 000 points de formation. Un salarié qui opte pour un cours de langue, peu utile à l’entreprise, aura besoin d’un grand nombre de points. Une formation sur des « sujets innovants » ne coûtera au contraire que quelques points. Selon Mme Maier, grâce à ces mesures, les salariés réagissent d’une manière positive à la numérisation : « Ils savent aussi qu’ils ne seront pas licenciés même si leur poste a été supprimé. » La garantie de l’emploi a été reconduite jusqu’en 2021.

Dans les médias

DER TAGESSPIEGEL. Victoire de la ministre des femmes

Manuela Schwesig (SPD), ministre des Femmes, l’a emporté. Grâce à sa ténacité, les responsables de la coalition gouvernementale ont adopté, après des mois de discussions et une forte opposition du patronat, un compromis concernant l’égalité salariale entre hommes et femmes. À long terme, les entreprises profiteront de la nouvelle transparence sur les salaires. Car dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, la concurrence est de plus en plus rude pour trouver du personnel – et aussi des femmes. 8 octobre 2016. Der Tagesspiegel, quotidien berlinois.

HANDELSBLATT. Internet mobile et santé au travail

La prolifération des smartphones et des tablettes a relancé le débat sur le temps de travail. Les nouvelles technologies offrent-elles aux salariés une flexibilité accrue dans leur temps de travail ou conduisent-elles à une vie marquée par un travail sans fin ? La Fédération patronale des banques privées a interrogé les salariés de la branche pour en avoir le cœur net. Résultat principal : plus les salariés sont libres d’organiser eux-mêmes leur temps de travail, plus ils sont satisfaits et en bonne santé. 10 octobre 2016. Handelsblatt, quotidien économique.

Auteur

  • Marion Leo