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Sur le terrain

États-Unis : Dormir plus pour gagner plus chez Aetna

Sur le terrain | International | publié le : 04.10.2016 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Dormir plus pour gagner plus chez Aetna

Crédit photo Caroline Crosdale

L’assureur a ajouté un nouveau programme à sa batterie de mesures en faveur du bien-être de ses salariés : il offre une prime à ceux qui dorment bien.

Et maintenant, vous êtes payé pour dormir ! C’est bien une initiative du géant américain de l’assurance en santé Aetna, en vue d’améliorer le bien-être de ses salariés. Lorsque ceux-ci montrent à leur employeur qu’ils ont enchaîné 20 bonnes nuits de sommeil d’au moins 7 heures – et que leur bracelet connecté atteste de leur bonne foi –, Aetna leur verse une prime de 25 dollars. Quand ils récidivent durant 40 nuits, le chèque atteint 50 dollars… et ainsi de suite jusqu’à un maximum de 300 dollars par an.

Même dans le top 100 des entreprises où il fait bon travailler du magazine Fortune, on n’avait pas encore vu ce genre d’encouragement. Bien dormir plutôt que répondre frénétiquement au dernier e-mail de son chef ? C’est pour le moins innovant. Il faut dire qu’Aetna (61,65 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel ; 2,41 milliards de dollars de bénéfices) est un groupe à part, depuis que son Pdg Mark Bertolini a frôlé la mort dans un accident de ski au début des années 2000. Ses vertèbres fracturées et les nerfs arrachés lui causaient de terribles douleurs. Ne parvenant pas à soulager sa peine avec les médicaments classiques, il s’est tourné vers la méditation et le yoga.

Fort de cette expérience réussie, Mark Bertolini a décidé d’en faire profiter son personnel. Aujourd’hui, 25 % des 50 000 salariés participent à des cours de yoga, ou à d’autres initiatives destinées à améliorer leur santé. Chez Aetna, on peut essayer d’arrêter de fumer, être conseillé en diététique, s’exercer à la pleine conscience en pratiquant la méditation… L’objectif est d’accroître le bien-être physique, mental et financier des collaborateurs. Déjà au début 2015, l’entreprise avait défrayé la chronique en décidant d’un salaire minimum à 16 dollars pour tous ses salariés, bien au-dessus du plus généreux des salaires minimums d’état. La prime de sommeil a, elle, été introduite en 2014. Elle peut grimper jusqu’à 500 dollars si l’intéressé pratique en plus d’autres activités pour réduire son stress, ou s’il change son mode d’alimentation. Et celui qui entraîne dans l’aventure un membre de sa famille double la prime. En 2014, 12 000 personnes ont participé à l’expérience ; en 2015, 17 000.

Mark Bertolini est persuadé qu’un salarié reposé travaille mieux. Il est plus présent au bureau et prend de meilleures décisions. La productivité s’en ressent, le turnover se réduit et le moral dans l’entreprise grimpe d’un cran. La DRH d’Aetna n’a pas encore chiffré l’impact du meilleur sommeil sur l’efficacité des salariés au bureau. Le programme est trop récent. Mais des études réalisées sur les adeptes de la méditation, affichent des résultats encourageants ; 13 000 salariés qui ont suivi les classes sur la pleine conscience présentent une réduction moyenne de 28 % des symptômes de stress. Au final, ils gagnent 62 minutes de productivité par semaine, ce qui, sur un an, représente un plus de 3 000 dollars pour leur entreprise.

La direction d’Aetna a lancé à l’automne 2015 une campagne sur Tumblr.com. Ces pages pratiques sont pleines de conseils sur la meilleure façon de fermer les yeux. Il faut ainsi éviter alcool, nicotine et repas lourd, deux heures avant de se coucher, ne pas s’allonger avec son téléphone se concentrer sur sa respiration et détendre ses muscles… Si aucune de ces astuces ne marche, une infirmière est disponible 24 heures sur 24 au téléphone.

Volontariat

Certains observateurs sont dubitatifs : jusqu’où laisser l’employeur s’immiscer dans la vie privée ? La réponse des RH d’Aetna est simple : tout repose sur le volontariat. Et pour ceux qu’une dose de pipolisation séduit, Arianna Huffington, dans son livre La révolution du sommeil, nous apprend que des patrons très connus sont déjà adeptes. Satya Nadella, le Pdg de Microsoft, et Jeff Bezos, le numéro un d’Amazon, se disent fiers de bien dormir.

Dans les médias

NEW YORK TIMES. JP Morgan trop généreux en Chine

La banque JP Morgan est poursuivie en justice par plusieurs agences gouvernementales pour ses pratiques d’embauche de jeunes élites en Chine. Le ministère de la Justice, la SEC (le gendarme de la bourse), la FED… tous veulent sanctionner la violation de la loi sur la corruption à l’étranger. Cette loi interdit qu’on y fasse des cadeaux de valeur pour obtenir des affaires. Or JP Morgan Chase donnait des stages ou embauchait les enfants des élites afin de faciliter la signature de contrats avec leurs parents. 26 septembre 2016, New York Times, quotidien généraliste.

WALL STREET JOURNAL. En voyage d’affaires… avec bébé

Le fonds d’investissement KKR essaie d’améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle en offrant de généreux à-côtés. Le travail hebdomadaire reste épuisant : la norme tourne autour des 70 heures… mais les jeunes mères et pères ont droit à 16 semaines de congés parentaux. Et les mères peuvent emmener avec elles en voyage d’affaires bébé et baby-sitter pendant un an. Le nombre de femmes employées par KKR a crû de 4 % depuis le début de l’année. 23 septembre 2016, Wall Street Journal, quotidien économique.

Auteur

  • Caroline Crosdale