LA VIE PAYSANNE TRADITIONNELLE était fondée sur les rythmes naturels du jour, de la nuit et des saisons. La société industrielle avait érigé le dimanche, les horaires puis les vacances en déités inviolables. Le capitalisme financier considère cela aujourd’hui comme de vieilles lunes. La modernité et, surtout, le chiffre d’affaires des entreprises voudraient que l’on travaillât et consommât à toute heure du jour et de la nuit et, bien sûr, tous les jours de la semaine. L’auteur, professeur de théorie de l’art moderne à l’université de Columbia à New York, explique qu’une véritable frénésie s’est emparée des entreprises et des consommateurs qui, comme une mouche du coche, incite à en faire toujours plus : plus de productivité, d’informations, de loisirs, d’amis, etc. Cette profusion, qui pourrait être une richesse, se révèle bien souvent un piège, qui ne permet plus à l’individu de savoir ni où il en est ni parfois qui il est. Perdu dans les affres d’un temps accéléré, il manifeste une conduite de plus en plus “machinique” et peut même aller jusqu’à perdre le sommeil. Dormir, d’ailleurs, à quoi bon ? L’armée travaille déjà sur des pilules qui permettraient aux hommes d’être opérationnels sur de longues périodes sans dormir. Mais, à sa manière, par ses exigences, le capitalisme aussi. Or l’auteur reste persuadé que seul le repos et le rêve peuvent approfondir l’humanité de l’homme.