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L’enquête

Finsa : Les salariés prennent en main leur santé et celle de l’entreprise

L’enquête | publié le : 27.09.2016 | Catherine Sanson-Stern

Chez Finsa France, usine de fabrication de panneaux de bois de Morcenx (Landes), la plupart des 97 salariés s’impliquent dans des initiatives en faveur de leur santé, avec le soutien de la direction.

Finsa France est devenue une entreprise pilote sur de nombreux axes de la santé et de la qualité de vie au travail. Comment cette préoccupation s’est-elle imposée progressivement dans cette usine de panneaux de bois, qui a connu plusieurs actionnaires entre sa création en 1989 et son rachat par le groupe espagnol Finsa fin 2005 ?

Pour le comprendre, il faut remonter à 2011. Touchée de façon décalée par la crise, l’usine a alors connu une baisse d’activité entraînant des arrêts de production et une réduction d’effectifs. Pour les 97 salariés restants, et surtout pour les 70 ouvriers postés, les rythmes de travail se sont intensifiés. La satisfaction du personnel a diminué. « Entre le changement d’actionnaire et un environnement de plus en plus instable, notre organisation était devenue trop figée, explique Estelle Larose, l’animatrice sécurité, environnement et amélioration continue. C’est pourquoi notre Pdg de l’époque a décidé d’instaurer un système d’organisation parallèle baptisé 3D (Développement Dynamique Durable). »

Le principe : chacun dans l’entreprise peut proposer un groupe de travail qui fonctionnera sans lien hiérarchique. « Cela permet d’assouplir la structure et d’être mieux adapté à un environnement qui demande créativité, agilité et ouverture », complète-t-elle. « Les gens ont pu s’impliquer directement pour répondre à leurs besoins au niveau de leur poste, de leur atelier ou de l’entreprise », confirme Gérald Bec, ouvrier de fabrication, secrétaire du CHSCT, membre du syndicat maison rattaché à la Confédération autonome du travail.

Échange de bonnes pratiques

À la même période, l’Afnor a sollicité Finsa – qui avait participé à des groupes de travail sur le management de la sécurité –, pour intégrer un réseau Santé Qualité de Vie au Travail Aquitaine (lire Entreprise & Carrières n° 1199). L’idée était d’échanger des bonnes pratiques entre structures publiques ou privées, en s’inspirant de l’expérience québécoise Entreprise en santé. « Petit à petit, par des propositions des salariés et grâce au réseau SQVT, des activités en lien avec la santé se sont développées dans l’entreprise », raconte Estelle Larose. Des cours de fitness, de yoga, une salle de musculation, un groupe de course à pied puis de cyclisme se sont mis en place. « Ces activités, auxquelles les salariés sont libres de participer, ont permis de mieux se connaître et ainsi de réduire les frictions interservices ou interpersonnelles, affirme Gérald Bec. L’ambiance s’est beaucoup améliorée. »

70 % des activités 3D proposées depuis 2011 ont concerné la santé. Une quinzaine fonctionne actuellement. Chaque initiateur doit présenter son idée au comité de direction, en précisant l’objectif et le budget souhaité. Si le projet est validé, la direction fournit les moyens nécessaires. « Tout cela ne coûte quasiment rien, précise l’animatrice. 50 % des activités ne demandent que de l’engagement humain, d’autres quelques centaines d’euros. »

Des groupes liés à l’amélioration des conditions de travail ont été initiés par les salariés : un opérateur de production a proposé d’améliorer l’ergonomie de la salle de contrôle ; des mécaniciens ont construit l’atelier de leurs rêves, avec l’aide d’un sous-traitant et du matériel fourni par l’entreprise. Un membre du CHSCT a lancé un groupe sur la pénibilité. Le responsable des ressources humaines a incité des salariés à se pencher sur les risques psychosociaux. Une étude commandée à un stagiaire a mis en lumière les effets délétères du planning institué à la suite des baisses d’effectifs. Le groupe pour « préserver l’humain dans l’entreprise » créé par Gérald Bec a ainsi réfléchi à un meilleur planning, validé ensuite collectivement.

Aussi bien chez soi qu’au travail

40 % des salariés ont déjà participé à une activité 3D. « Certains n’adhèrent pas, disent ne pas être là pour s’amuser… », reconnaît Estelle Larose. Ce qui ne les empêche pas d’en apprécier les résultats, comme la distribution gratuite de fruits bihebdomadaire instaurée par l’animatrice après un voyage d’étude avec le groupe SQVT au Québec. « Au bout de trois mois, c’était ancré dans les habitudes, confirme le secrétaire du CHSCT. Avec les formations sur la nutrition, sur l’impact du travail de nuit, sur les cycles du sommeil proposées spécifiquement aux ouvriers postés, ils ont compris que la santé, ce n’est pas que la sécurité, mais aussi savoir bien manger, se reposer… L’objectif est que les gens soient aussi bien chez eux qu’au travail. » En 2015, l’usine n’a connu qu’un seul accident de travail entraînant un arrêt, contre cinq en 2014.

Repères

Activité

Fabrication de panneaux de bois.

Effectif

97 salariés.

Chiffre d’affaires

64 millions d’euros.

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern