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Management : Hausse du fait religieux

La semaine | publié le : 27.09.2016 | Emmanuel Franck

Les deux tiers des managers ont été confrontés à des demandes religieuses en 2016, selon le baromètre de l’Observatoire du fait religieux en entreprise.

D’une année sur l’autre, la tendance s’affirme. Pour la quatrième édition de leur baromètre présenté le 22 septembre, l’Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre) et l’institut Randstad constatent « une forte hausse du fait religieux en entreprise ». Les deux tiers des 1 400 managers interrogés entre avril et juin 2016 déclarent qu’ils sont confrontés régulièrement ou occasionnellement à des faits religieux sur leur lieu de travail, une hausse de 15 points par rapport à l’année dernière. « Dans 95 % des cas, la religion concernée est l’islam », précise Lionel Honoré, professeur des universités et directeur de l’Ofre.

Il y aurait plusieurs causes à cette progression : les questions liées à la religion étant plus sensibles, les comportements religieux sont davantage repérés ; les entreprises appelant les individus à une implication plus personnelle, les salariés considèrent qu’il est légitime d’exprimer au travail les éléments qui les marquent, dont la religion ; enfin, cette banalisation amène les salariés à moins hésiter à formuler leurs demandes. S’agissant d’un éventuel effet des attentats sur les comportements des personnes, Lionel Honoré relève que, « lorsqu’une religion est mise en cause dans sa globalité, cela renforce les comportements religieux ».

Des demandes diverses.

Les faits religieux prennent plusieurs formes : le port visible de signes (21 %), les demandes d’absence (18 %), celles d’aménagement du temps de travail (14 %) et les prières pendant les pauses (8 %). Cet ensemble compose la catégorie la plus courante et renvoie à des demandes et à des pratiques personnelles a priori peu perturbatrices. La stigmatisation d’une personne en raison de sa religion (7 %), le prosélytisme (6 %), le refus de réaliser des tâches (6 %) entraînent en revanche une perturbation du travail. Ces faits « sont stables ou en baisse de quelques points par rapport à 2015 », notent les auteurs. Toutefois, les cas décrits comme conflictuels par les managers augmentent : 9 % en 2016, contre 6 % en 2015 et 2 % en 2014. « Il y a donc, en 2016, davantage de tensions autour du fait religieux au travail, relève Lionel Honoré, mais il est important de souligner que, dans l’ensemble, le contexte reste malgré tout apaisé, puisque 91 % des cas rencontrés n’entraînent ni conflit ni blocage. »

Les cas nécessitant une intervention managériale sont également en hausse (48 % contre 38 % en 2015). Mais cette augmentation « peut être le signe que les situations marquées par le fait religieux sont plus systématiquement prises en charge par le management de proximité, qui possède à présent des repères sur ce qu’il convient et est possible de faire ».

Les auteurs relèvent d’ailleurs que « les managers sont de moins en moins nombreux à aborder les situations délicates de manière isolée » et qu’ils ont de plus en plus recours à leur hiérarchie et aux services RH et juridiques de l’entreprise pour obtenir de l’aide.

Auteur

  • Emmanuel Franck