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Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 27.09.2016 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Ce que veulent les jeunes

Je dois dire que j’ai hésité avant de vous faire part ici d’une étude sur la génération Y, car j’ai moi-même eu largement ma dose d’articles de presse relayant la liste de tous les préjugés sur les nouvelles générations. Mais, ayant découvert un article sérieux sur cette population (comme quoi, tout peut arriver !) et étant donné que cette dernière n’est plus si jeune, si bien qu’elle va représenter la majorité des salariés pendant un grand nombre d’années, je me permets d’aborder ce sujet avec vous.

L’étude, réalisée par Monika Hamori, Burak Koyuncu, Jie Cao et Thomas Graf, a été publiée dans Sloan Management Review, la revue du MIT. Elle se focalise sur les jeunes diplômés, voire très diplômés, à partir de deux enquêtes portant sur 1 200 jeunes ayant étudié en Europe et ayant pour la plupart un master et/ou un MBA ainsi qu’au moins une expérience à l’international. Ils avaient environ cinq ans d’expérience professionnelle derrière eux au moment de l’enquête.

Le premier élément qui ressort de l’étude est que changer d’entreprise paye, au sens propre du terme, puisque ceux qui ont changé au moins trois fois d’employeur ont eu les plus belles augmentations, tandis que ceux qui sont restés fidèles à leur premier employeur ont reçu les plus faibles. Le fait de changer régulièrement d’entreprise ne pèse pourtant pas sur leur capacité à être promu, puisqu’il n’y a pas de différence significative dans ce domaine entre les plus et les moins mobiles. Au passage, il est intéressant de noter que même les jeunes diplômés fidèles remettent régulièrement à jour leur CV et passent des entretiens ou contactent des chasseurs de têtes : on ne sait jamais de quoi demain sera fait !

Pourquoi ces jeunes à haut potentiel ont-ils la bougeotte ? L’étude permet de valider plusieurs hypothèses. Tout d’abord, rares sont ceux qui se sentent liés à une entreprise en particulier. Ils travaillent chez X mais pourraient facilement travailler chez Y, si Y a une belle opportunité à leur offrir. Ensuite, changer d’employeur n’est pas perçu par eux comme quelque chose de mal vu. Curieusement, l’envie de changer d’air n’est pas nécessairement liée à une insatisfaction par rapport à leur poste actuel. Il s’agit plutôt d’être en constante écoute du marché et de saisir les opportunités. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas investis au travail à court terme, mais qu’ils ont plus de mal à se projeter sur le long terme. Ils ne se sentent pas tenus par une certaine fidélité. Enfin, le marché du travail est devenu plus transparent avec l’explosion des sites de recrutement en ligne.

Qu’est-ce qui pourrait leur ôter leur envie de bougeotte ? Tout simplement l’impression que l’on investit sur eux. Cela passe par des postes à enjeux, un soutien de la part des dirigeants, des formations et le sentiment d’avoir de l’influence. Or que pensent-ils que les employeurs leur offrent ? Pas assez. Ce qui est donc une bonne excuse pour continuer à vagabonder ailleurs vers une herbe plus verte !

Auteur

  • Denis Monneuse