logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Canada : Un accord a l’arrache pour Postes Canada

Sur le terrain | International | publié le : 20.09.2016 | Ludovic Hirtzmann

Image

Canada : Un accord a l’arrache pour Postes Canada

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Confronté à un changement de modèle économique, Postes Canada évite les grèves de justesse. Un médiateur a permis la négociation d’un nouvel accord d’entreprise, mais pour deux ans seulement. L’avenir s’annonce difficile.

Pas de grève pour la rentrée : c’est le cadeau du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui représente 51 000 syndiqués des postes. Non sans un terrible bras de fer. Conformément à la tradition canadienne, qui privilégie la négociation au conflit, direction et syndicat ont essayé, depuis le mois de janvier, de trouver un terrain d’entente pour renouveler une convention collective qui arrivait à ce moment-là à échéance. Sans succès pendant longtemps. Alors, le 28 juin, les employés de Postes Canada ont donné un mandat fort à leur syndicat. Plus de 94 % ont voté pour que ce dernier opte au besoin pour la grève. Celle-ci a été évitée de justesse fin juin. Elle a failli être de nouveau déclenchée fin août. Le ministère du Travail a alors nommé un médiateur entre les deux parties, ce qui a permis de parvenir à un accord rapide le 30 août. L’enjeu pour les employés ? Le maintien des régimes de retraite et l’équité salariale.

La direction voulait introduire un régime de retraite à cotisations déterminées, contre le régime à prestations déterminées actuellement en place. Dans le régime envisagé, les cotisations retraites auraient été fixées, mais les salariés n’auraient pas connu le montant de leur rente à venir, contrairement au régime en cours. La partie patronale estimait qu’il s’agissait pourtant d’une nécessité. « Le déficit de solvabilité du régime de retraite atteint 8,1 milliards de dollars au 1er juillet 2016, alors que le déficit était de 6,1 milliards de dollars au 31 décembre 2015 », a expliqué la direction dans un récent communiqué. Le STTP a obtenu l’équité salariale dans les campagnes, où les facteurs sont majoritairement des femmes. Selon le syndicat, les facteurs des régions rurales gagneraient 30 % de moins qu’en ville.

Si les salaires des facteurs, compris en moyenne entre 50 000 et 60 000 dollars par an, sont raisonnables au regard des professions ayant le même type de diplômes, les conditions de travail se dégradent fortement à la poste, avec une augmentation des heures de travail et de la longueur des tournées. Les émoluments de la direction suscitent la grogne des syndiqués et des postiers. Le Pdg de Postes Canada, Deepak Chopra, perçoit un salaire annuel de 518 000 dollars et une prime de rendement pouvant atteindre 33 % de ce dernier. Les 23 premiers dirigeants en 2012 ont perçu en moyenne 347 000 dollars par an.

Deux ans de réflexion

La conclusion positive des négociations soulage les salariés. « Cette approche accorde plus de temps pour des discussions plus réfléchies (…) afin de régler ces problèmes sans la menace continue d’un arrêt de travail », s’est félicitée la direction. Voire. Les deux parties n’ont que deux ans, le temps de la nouvelle convention collective, contre quatre ans habituellement, pour faire face aux évolutions de l’activité postale. La baisse du volume de courrier traditionnel tout d’abord, concurrencé par Internet, oblige la poste à se serrer la ceinture. Le volume et les revenus liés à cette activité n’ont cessé de baisser depuis 19 trimestres ! Sans pour autant que la société ne trouve de solutions durables pour compenser ses pertes. La situation et les relations de travail à Postes Canada risquent de continuer à se dégrader. Même si, cette fois, le gouvernement fédéral, en choisissant de nommer un médiateur, s’est montré à l’écoute des syndiqués.

En 2011, le gouvernement conservateur du Premier ministre Stephen Harper était intervenu dans les négociations, obligeant les salariés à reprendre le travail et à céder à la direction. L’affaire avait laissé un fort sentiment d’amertume chez les facteurs. En 2014 et 2015, les conservateurs ont voulu briser Postes Canada en supprimant la livraison de courrier à domicile et en généralisant les boîtes postales communautaires, c’est-à-dire des boîtes regroupées en un même lieu. Une telle solution aurait permis des économies de livraison, mais aussi de licencier 6 000 à 7 000 facteurs. Si l’opinion s’est mobilisée contre une telle solution, abandonnée par le nouveau gouvernement libéral élu en octobre 2015, l’avenir de Postes Canada paraît bien sombre.

Dans les médias

RADIO-CANADA. L’économie sociale est rentable

Les entreprises de l’économie sociale sont rentables, selon un groupe d’économistes québécois. Le Québec a beaucoup misé sur ce secteur depuis des décennies. Mieux, les entreprises d’insertion sociale de jeunes défavorisés ou de délinquants seraient aussi profitables, selon la même étude. 8 septembre 2016. Radio-Canada, radio-télévision publique.

LE DEVOIR. Des capitaines de Zodiac bientôt syndiqués

Chaque année, des milliers de touristes viennent observer les baleines dans la région québécoise du Saguenay. La balade se fait en Zodiac. Les capitaines de ces embarcations, déçus de leurs conditions de travail et des salaires, qui n’auraient pas augmenté depuis des années, seront bientôt syndiqués. 3 septembre 2016. Le Devoir. Quotidien montréalais indépendantiste.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann