Contre tous ceux qui prétendent réduire l’économie à des choix politiques, les auteurs défendent le statut de science de l’économie. Ils mettent en évidence ici des liens de cause à effet rigoureux, entre des réalités sociales et économiques. Protester que ce n’est pas le cas et qu’il appartient aux hommes de choisir librement leur destin matériel et social relève pour les auteurs d’une forme dangereuse de négationnisme en vogue au café du commerce, chez nombre de journalistes mais aussi chez certains économistes, notamment ceux du Cercle des économistes atterrés. Au nom de cette extrême rigueur de leur spécialité, les deux auteurs en profitent pour pourfendre toutes les demi-vérités et vrais mensonges que nous propose la politique. Pour preuve de leur bonne foi, ils renvoient dos à dos les patrons qui songent plus à leurs profits qu’à la création de richesse, et les moralistes magnanimes, désintéressés, voire philosophes, qui n’y entendent rien. Donc, si l’on suit nos auteurs, la science économique affirme que le salaire minimum finit généralement par nuire à l’emploi, que mettre en œuvre une politique industrielle sous l’égide de l’État revient à favoriser le chômage, que la réduction du temps de travail est sans effet sur l’emploi, que les recettes de Keynes ne marchent pas…

À voir nos deux auteurs ne jurer que par les règles du marché, il semble que la bonne fée invisible d’Adam Smith, supposée régler l’intérêt général sur celui des particuliers, fasse son come-back.