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L’enquête

Dow, Tereos, Arlanxeo : La chimie joue collectif en Alsace

L’enquête | publié le : 20.09.2016 | Mathieu Noyer

Trois entreprises de la chimie alsacienne ont monté un CQP mutualisé en contrat de professionnalisation afin de répondre à un besoin de formation pour anticiper les départs à la retraite, et avec suffisamment d’effectifs pour le rendre viable.

Confrontée au départ prévisible à la retraite d’une trentaine de salariés sur 250 dans les prochaines années, l’usine chimique Dow à Lauterbourg (Bas-Rhin) cherchait une offre de formation en alternance pour préparer les remplacements. Mais, dans un premier temps, son besoin s’est limité à deux personnes. Trop peu pour justifier le montage d’un cursus. Or l’échange avec sa fédération professionnelle, l’UIC (Union des industries chimiques), a fait émerger un enjeu comparable dans d’autres sites chimiques du Bas-Rhin : chez le sucrier Tereos, à Marckolsheim, et chez le spécialiste du caoutchouc Arlanxeo, à La Wantzenau. En rejoignant Dow, ils ont fait grimper à dix le nombre de candidats, seuil économiquement viable pour une formation.

Le certificat de qualification professionnelle (CQP) de branche “opérateur de fabrication” de niveau V a été retenu, après avoir été mis en balance avec d’autres options : « Le titre professionnel conducteur d’appareils de l’industrie chimique de l’Afpa (également de niveau V), et même la création d’une mention complémentaire », précise Patrice Lettermann, délégué général de l’UIC Grand-Est. Mais le CQP a conservé la préférence des employeurs : « Il donne un socle de sept compétences parfaitement en phase avec nos attentes, et il était le plus rapide à pouvoir être mis en œuvre », explique Martine Fauth, responsable RH de Dow Lauterbourg. De plus, à la sortie, les candidats se soumettent à une évaluation externe, celle de salariés d’autres entreprises chimiques, qui forment un réseau de 38 experts de leur poste, constitué par l’UIC régionale. « En somme, ce contrat de professionnalisation sait former in situ à un besoin ciblé, en vue de signer un CDI », résume Jean-Philippe Meyer, directeur de l’usine Dow, qui pratique et apprécie également l’apprentissage, mais pour des métiers très différents et ne visant pas forcément l’embauche immédiate.

Cadence modulable

Débutée en janvier dernier, la formation pour le CQP dure dix-huit mois, dont 700 heures de cours théoriques dispensées par l’organisme alsacien Daniel Essner Formation et Ingénierie, dans les locaux de Dow et de Tereos. Elle alterne une semaine en salle avec trois semaines en entreprise, mais cette cadence peut se moduler en fonction des impératifs de production des usines : c’est un autre point fort de ce cursus de branche, aux yeux des employeurs. Le coût pédagogique est partagé entre l’Opca Defi et les entreprises.

Les candidats alternants ont été recrutés à niveau bac technique ou plus. Chez Dow, l’image encore moyenne du secteur et une pénurie persistante de main-d’œuvre dans le bassin d’emploi ont limité leur nombre à une dizaine. Cette entreprise a déjà confirmé sa participation à une seconde promotion à lancer début 2017, avec ses deux confrères et/ou d’autres, l’initiative étant ouverte à tout établissement régional de la branche.

Cette mutualisation de l’alternance aura-t-elle de l’avenir dans la chimie ? Pour Daniel Essner, cela ne fait pas de doutes : « La formation ne pourra passer que par l’interentreprise. Chaque employeur pris isolément n’a plus la latitude de libérer quantité de collaborateurs en même temps pour les envoyer comme stagiaires ou les mobiliser comme tuteurs. » En outre, le fonctionnement mutualisé crée des passerelles : « Si, pour une raison quelconque, une embauche ne se réalisait pas dans l’entreprise d’accueil du contrat de professionnalisation, le candidat trouverait sans problème du travail dans la suivante, car nos métiers sont en tension », assure Patrice Lettermann.

Auteur

  • Mathieu Noyer