« Il s’agissait d’ouvrir le cursus à des personnes talentueuses, mais qui s’interdisaient de venir chez nous en raison du coût des études, qui est en moyenne de 15 000 euros par an, explique Marc Pérennès, responsable des relations employeurs et accompagnement des carrières de l’EM-Lyon. L’alternance renforce aussi leur employabilité et crée une porosité entre école et entreprise, en innovant pédagogiquement. »

Volontaires et sélectionnés, ces neuf élèves ont donc signé ce contrat avec Adecco France. L’entreprise d’intérim a gardé quatre d’entre eux dans ses propres services, et a placé les autres dans une entreprise partenaire.

Pendant les deux ans du master, ils alternent quatre semaines en entreprise (payées 100 % du smic) et une sur le campus (80 % du smic), tandis que la moitié de leurs frais de scolarité est financée. Adecco prend en charge, via son Opca et son investissement en formation, l’ensemble des coûts de formation des étudiants (salaires pendant les périodes en école et coûts pédagogiques).

Au sein du groupe Adecco, ce programme s’inscrit dans le cadre de “La grande école de l’alternance”, dispositif démarré début 2016 pour former 10 000 alternants en trois ans. « Nous créons d’une part 17 filières métiers pour répondre à des demandes sur des métiers en pénurie, avec des publics éloignés de l’emploi, explique Christophe Catoir, président du groupe Adecco en France. Avec l’EM-Lyon, nous attirerons des talents et favoriserons la mixité dans un cursus d’excellence, en trouvant des solutions de financement pour les étudiants et des perspectives d’embauche dans des entreprises peu connues d’eux. »

Fin décembre 2015, 28 candidats ont passé des tests de recrutement – notamment d’intelligence émotionnelle et d’affinités. « C’est un recrutement fondé sur le potentiel de l’étudiant, souligne Christophe Catoir. On part pour quatre ans, avec une clause de dédit-formation attachée au CDI. » Après l’obtention de son diplôme, l’étudiant s’engage à rester dans l’entreprise deux autres années. Il signe avec Adecco un CDI intérimaire (en vigueur depuis mars 2014, celui-ci garantit notamment une rémunération mensuelle minimale entre les missions). Et, dès le premier jour du CDI, les parties signent aussi un contrat de professionnalisation pour deux ans, qui permet notamment un financement par l’Opca. « On délègue, en quelque sorte, le CDI en contrat de professionnalisation », précise le président. L’entreprise accueillante, elle, s’inscrit dans un contrat de mission avec le groupe Adecco.

Les neuf étudiants finalement sélectionnés ont passé leur premier semestre en alternant quatre semaines en entreprise et une à l’école, le décalage étant compensé par une pédagogie qui mise sur l’e-learning et l’individualisation. Dans un second temps, ils partent quatre mois en learning expedition sur le campus de l’EM à Shangaï, avant leur projet de fin d’étude centré sur leur entreprise d’accueil.

« En six mois dans le réseau d’agences, j’ai énormément appris sur l’environnement concurrentiel, à tous les échelons de l’entreprise, assure Nelly Peres, 21 ans, en alternance dans les équipes d’Adecco. Je me sens plus vite opérationnelle et je suis autonome financièrement. »

Pour son tuteur Samuel Finotto, la jeune femme « a eu le temps, en six mois, de bien appréhender l’entreprise, en alliant fraîcheur et maturité. On compte sur elle ».

En janvier 2017, une centaine d’autres étudiants de l’EM devraient entrer dans un nouveau programme en CDI intérimaire.