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L’enquête

Frequent Flyer Travel Paris : Une politique sociale fondée sur le partage

L’enquête | publié le : 13.09.2016 | H. T.

Pour favoriser l’implication de ses équipes, l’agence de voyages d’affaires ne lésine pas sur les moyens. Elle a récemment concrétisé son projet d’ouverture du capital aux salariés.

« L’actionnariat salarié est assurément un bon levier de motivation, de reconnaissance, de fidélisation… Mais sans une approche globale, cela n’a pas de sens », soutient le président de Frequent Flyer Travel Paris. En fondant son agence indépendante de voyages d’affaires en juin 2001, après plusieurs années de salariat dans le secteur – parfois frustrantes –, Marc Leidelinger savait parfaitement ce qu’il voulait mettre en place dans son entreprise. Avec en tête « une vision égalitaire sur le principe du gagnant-gagnant » pour toutes les parties prenantes.

L’aventure, à laquelle se sont joints six de ses ex-collègues, a du coup débuté dans un environnement social particulièrement avantageux dont bénéficie aujourd’hui l’ensemble des 90 salariés : « Le jour de l’ouverture, nous avions déjà mis en place une complémentaire santé et prévoyance, un plan d’épargne entreprise (PEE) avec abondement de 300 % plafonné à 766 euros, ainsi qu’une retraite supplémentaire. » À quoi se sont ajoutés, entre autres avantages, les titres-restaurant et chèques-culture, l’ouverture au télétravail dès 2003, la mise en place d’un accord d’intéressement en 2012, relayé depuis par un accord de participation, etc.

Quant aux rémunérations proprement dites, « elles sont largement au-dessus des moyennes de la profession », affirme le dirigeant, qui pointe également l’effort consenti en matière de formation. « Mais notre turnover est inférieur à 5 % et notre productivité moyenne est environ deux fois supérieure à celle des autres agences. » Johann Smith, directeur administratif et financier (DAF), en convient : « En s’occupant des salariés, on fait avancer l’entreprise. »

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’actionnariat salarié. L’idée de partager le capital était depuis longtemps dans les tuyaux. Elle s’est concrétisée en 2006 avec l’ouverture de 15 % du capital aux cadres dirigeants. Une première étape avant la généralisation à tout le personnel. Arrivé dans l’entreprise en mars 2015, Johann Smith a piloté l’opération, que Marc Leidelinger avait annoncée à ses salariés dès 2014.

Une mise en place longue et onéreuse

Entre le choix des différents intervenants – dont un cabinet d’avocats pour ficeler le volet juridique et un commissaire aux comptes pour valoriser la société – et l’étude des options possibles, il aura fallu six mois pour monter le mécanisme avec l’aide d’Eres, partenaire-conseil retenu pour sa compétence dans l’accompagnement des PME. « La mise en place est longue, fastidieuse et onéreuse », ne cache pas le président de l’entreprise, néanmoins convaincu que « le jeu en vaut la chandelle ».

La formule de détention des actions via un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) étant trop coûteuse, la solution a consisté à loger directement les actions dans le PEE. « Dans les deux cas, les frais de mise en place s’élèvent à 50 000 euros, explique Marc Leidelinger. Mais en termes de coût de gestion, le ticket d’entrée pour un FCPE est aussi de 50 000 euros annuels, contre 4 000 à 5 000 euros pour notre option. »

Un dispositif attractif

L’opération elle-même consistait en une augmentation de capital fixée à 5 % maximum et ouverte à tout le personnel – condition indispensable pour utiliser le PEE. La valeur nominale du titre, valorisé par un commissaire indépendant, a dû être divisée en augmentant le nombre des actions, afin de les rendre plus accessibles. Et l’entreprise a ajouté une décote de 20 %. Avantage qui, cumulé avec l’abondement et les différentes exonérations fiscales attachés au PEE (concernant l’abondement, l’intéressement et la participation, mais aussi les dividendes versés sur le plan ainsi que les plus-values de cession), rendait le dispositif très attractif. Enfin, un pacte d’actionnaires organise la vie de l’action, valorisée une fois par an. Lorsqu’elle est à vendre, elle est rachetée par l’actionnaire principal, qui peut laisser sa place.

Une fois le projet calé, Johann Smith a pu lancer la communication en novembre 2015, pour une souscription en janvier 2016. « Il fallait expliquer la démarche aux collaborateurs en restant objectif, car c’est leur argent qu’ils allaient investir dans l’entreprise, raconte-t-il. Eres nous a aidés pour la structure de la communication, et je l’ai vulgarisée. Nous avons procédé par petits groupes, et j’ai aussi dégagé du temps pour des discussions individuelles et pour aider à remplir les formulaires de souscription. »

Un dialogue d’égal à égal

Le résultat de l’opération a dépassé les attentes de Marc Leidelinger : « Plus de 70 % de nos salariés ont souscrit, pour des sommes allant de 800 à 7 000 euros avec l’abondement. » Signe, estime-t-il, d’une « forte adhésion à la stratégie de l’entreprise », qui s’est fixé d’ambitieux objectifs pour 2020 en termes tant de volume d’affaires que de qualité (via notamment les normes ISO 14001 et 9001). « L’actionnariat salarié crée une communication différente, ajoute Johann Smith. On parle davantage d’égal à égal. Et on s’intéresse aux résultats non plus seulement pour les primes qu’on peut obtenir, mais pour savoir où en est l’entreprise. »

La suite ? Pour le dirigeant, « une telle opération peut être renouvelée sur des cycles de trois ou quatre ans, en fonction de la croissance de la société ».

Repères

Activité

Agence de voyages d’affaires.

Effectif

90 collaborateurs.

Chiffre d’affaires 2015

9 millions d’euros.

Volume d’affaires en 2015

75 millions d’euros.

Auteur

  • H. T.