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L’enquête

Acti : Un “comité des sages” pour digital borns

L’enquête | publié le : 06.09.2016 | Véronique Vigne-Lepage

Face à une carence de candidats aux élections du personnel, le directeur de l’agence Web Acti, à Lyon, a créé un “comité des sages” composé de volontaires. Un outil souple qui donne satisfaction aux uns comme aux autres.

La trentaine de salariés de l’agence Web Acti, basée à Lyon, est caractéristique du secteur digital : jeunes (27 ans en moyenne), ne restant généralement pas plus d’un an ou deux, et, le plus souvent, non syndiqués. « En 2007, lorsque nous avons atteint 11 salariés et dû organiser des élections du personnel, il y a eu carence de candidats, assure Laurent Constantin, le directeur. Cela s’est renouvelé, depuis, à chaque élection. » Système trop rigide, assurent les salariés. Question d’âge, pense aussi leur patron : « Ils sont individualistes, hyperconnectés, n’ont pas besoin de syndicat pour trouver des informations et veulent un contact direct avec leur directeur. »

S’il dénonce le formalisme des élections professionnelles, Laurent Constantin est convaincu de l’intérêt « d’avoir un lieu pour discuter ». Il a donc, dès 2007, proposé à ses salariés de créer un “comité des sages”, composé de volontaires (non rémunérés pour cela), pouvant en sortir ou y entrer à volonté. « J’y suis par curiosité, témoigne Fabien Dumas, responsable du pôle développement. C’est intéressant d’être le porte-parole des collègues, de savoir qu’on peut améliorer leur quotidien. »

Lieu de médiation

« C’est un lieu de médiation, de partage et de pédagogie », résume Laurent Constantin. Médiation : car des sujets à débats y sont discutés, comme la réunion interservices dont le format ne convenait pas à tous. Lieu de partage également, car le dirigeant y transmet des informations. Comme le coût global de l’octroi d’un jour de congé à chacun pour son anniversaire (30 000 euros), information qui a conduit les “sages”, qui avaient proposé ce “cadeau”, à le limiter aux salariés ayant plus d’un an d’ancienneté. Lieu de pédagogie, enfin, car « les jeunes, dont c’est souvent le premier emploi, ont parfois des demandes inapplicables ».

Le directeur – qui n’a pas de responsable des ressources humaines – fait également monter en compétences les membres du comité en leur donnant des responsabilités sur ces sujets. « Je leur ai confié le choix de la mutuelle d’entreprise, en les envoyant d’abord à une réunion d’information du Medef, explique-t-il. Ils sont revenus sidérés par la complexité du sujet et par le discours menaçant de l’Ursaff. Ils découvraient ma vie d’entrepreneur ! In fine, lorsqu’ils m’ont proposé un projet d’avenant aux contrats de travail, mon cabinet conseil a cru que j’avais pris un avocat. » Désormais, le comité est chargé d’affilier les nouveaux embauchés. En 2015, à la suite d’une demande de télétravail, « un groupe de travail composé de “sages” et d’autres salariés, en regardant ce qui existe dans d’autres entreprises et en demandant conseil au Syntec, a élaboré le texte d’un avenant au contrat de travail signé, depuis, par tous ceux qui veulent opter pour cette solution », explique Fabien Dumas.

Depuis plusieurs mois, le comité tourne au ralenti. Cela était déjà arrivé auparavant ; le directeur l’avait alors incité à organiser des réunions. Mais Fabien Dumas ne s’inquiète pas : « Les contacts directs avec le directeur s’étant développés, le comité ne traite plus que les sujets sensibles. De vecteur principal du dialogue social, il en est devenu un facilitateur. »

Repères

Activité

Conception de sites Web.

Effectif

35 collaborateurs.

Chiffre d’affaires 2015

2,3 millions d’euros.

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage