La République française ne tolère aucune discrimination, et pourtant il suffit de voir où habitent les populations d’origine étrangère, de regarder où leurs enfants sont scolarisés et de constater les taux d’échec scolaire pour voir qu’être de couleur continue de plomber les destins de France. Versant entreprise, cela fait des années que les DRH tiennent un discours la main sur le cœur concernant la promotion de la diversité. Sans doute ! D’autant plus d’ailleurs que les peaux foncées continuent d’être plus présentes dans les emplois déqualifiés qu’au sommet des hiérarchies. On peut alors supposer que seuls les meilleurs d’entre les meilleurs ont franchi le filtre. Cinq diplômés en sciences sociales ont mené l’enquête afin de mieux mettre en exergue au travers de dizaines d’entretiens approfondis les effets de masse concernant les personnes de couleur, qu’elles soient ou non de nationalité française. Les arcanes de la sélection entre plusieurs candidats sont souvent obscurs et ne se fondent pas uniquement sur le diplôme. Il est donc toujours loisible de penser que l’on a été écarté d’un emploi ou oublié lors d’une promotion par la faute à pas de chance ou, au contraire, parce que la direction est raciste. Ce n’est que la multiplication et la similitude des expériences qui mettent en évidence que la chance n’a rien à voir ici et que les DRH sont rarement racistes. Non, c’est plus subtil : rien n’est interdit a priori, mais une sorte de profilage social et psychologique plus ou moins conscient peut être mise en évidence. Il vaut mieux être blanc grand teint pour faire son chemin dans l’entreprise.