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Gestion d’équipe : QuellesUn séminaire, pour quoi faire ?

Les clés | publié le : 30.08.2016 | Sabine Germain

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Gestion d’équipe : QuellesUn séminaire, pour quoi faire ?

Crédit photo Sabine Germain

A la rentrée, saison des budgets prévisionnels, les managers et les salariés s’interrogent de plus en plus souvent sur la nécessité d’organiser des séminaires. Avant de faire l’impasse sur cette ligne budgétaire, ils devraient mieux réfléchir à leurs objectifs.

C’est simple, dès qu’il s’agit de serrer les boulons, notre séminaire annuel est sur la sellette, soupire Patrick, manager d’une équipe de huit commerciaux dans une concession de moto en région lyonnaise. Je ne peux pas compter sur les vendeurs pour le défendre : ils sont tellement sous pression qu’ils chassent tout ce qu’ils considèrent comme du temps perdu. Je suis pourtant convaincu que cette respiration annuelle est nécessaire pour retrouver le plaisir de travailler ensemble, alors qu’on n’a même plus le temps de se parler. »

Cela n’étonne pas Julien Pouget, consultant et formateur au sein du cabinet Yuman : « Le séminaire est considéré comme un sujet un peu trivial par rapport aux grandes manœuvres stratégiques et aux plan de transformation. Je suis pourtant convaincu que le fait d’investir dans une journée de relationnel n’est pas du temps perdu. »

Les salariés ne sont pas loin de partager le point de vue de leurs dirigeants et gestionnaires : ils sont de moins en moins séduits par ce qu’ils considèrent comme un passage obligé. « S’il s’agit simplement de s’amuser ou de s’éclater, ils préfèrent le faire en famille ou avec des amis qu’avec leurs collègues !, sourit Patrick Bois, directeur associé du cabinet Albus Conseil. Les activités ludiques ou sportives n’ont de sens que si elles permettent aux participants de se parler et d’agir ensemble. De ce point de vue, je crois davantage à une bonne partie de pétanque qu’à une descente en rafting… »

Pas toujours bien conçus, pas vraiment pensés, certains de ces séminaires semblent faits pour donner raison à leurs contempteurs : « Trop souvent, les responsables ne prennent pas le temps de définir leur objectif », estime Julien Pouget. S’agit-il d’une réunion de travail, avec un objectif opérationnel et un programme très “business” ? Ou d’un séminaire de motivation, plus informel, visant à “booster” l’esprit d’équipe et l’envie de travailler ensemble ?

« Les séminaires sont souvent un peu trop opérationnels, observe Patrick Bois. à quoi bon sortir du bureau si c’est pour organiser une réunion de travail ? Le but doit plutôt être de s’échapper pour stimuler l’équipe et augmenter la maturité du collectif. Un séminaire ne doit pas être une machine à prendre des décisions mais une respiration, avec une prise de recul. »

Il cite le cas d’un dirigeant qui organise tous les semestres un séminaire autour d’un sujet “découverte”, n’ayant rien à voir avec l’activité de son équipe : « Ce sont des managers de terrain qui ne devraient pas être amenés, à court ou moyen terme, à toucher au dialogue social ou à la stratégie d’entreprise », poursuit Patrick Bois. Leur dirigeant a tout de même organisé des jeux de rôle sur ces deux thèmes : « Cet exercice n’aura aucun impact sur leur business, il ne produira pas de changement immédiat, mais il fera monter l’équipe en maturité. Le séminaire est un outil de longue durée, où se mêlent réflexion, maturation et projection. »

Pas question, pour autant, d’éluder toutes les problématiques à l’œuvre dans l’organisation : « Les séminaires sont généralement organisés longtemps à l’avance, observe Julien Pouget. Entre le choix de la date et son déroulement effectif, il peut se passer plein de choses : le débarquement d’un dirigeant, l’annonce d’un plan social ou d’une réorganisation, par exemple. Si l’information est connue avant le séminaire, mieux vaut en parler franchement. Rien n’est pire que de faire comme si de rien n’était alors que tout le monde ne pense qu’à ça. »

Faut-il, pour autant, annuler la manifestion ? Les avis sont partagés : pour le coach Winoc Deleplanque, il est parfois bon de savoir reculer (lire ci-contre). Pour Patrick Bois, au contraire, « ce type d’annonce peut être providentiel. à condition d’en tenir compte en bouleversant le programme et en laissant les participants exprimer leur ressenti. Puisque le but est de monter en maturité, je préférerai toujours un séminaire compliqué, mais où on se dit des choses, à un séminaire qui se passe bien mais où il ne se passe rien… »

De ce point de vue, le consultant n’a rien contre un peu de dramaturgie : « Cela fait partie de la dynamique d’un séminaire, estime Patrick Bois. Il faut alterner les moments d’énergie forte et les temps plus relax, les séquences dramatiques et les sessions plus fun. »

Mais gare aux deux principaux écueils : un programme trop dense, qui ne laisse aucun temps de respiration, ou au contraire, un temps élastique, qui peut facilement laisser place à l’ennui. « Ce n’est pas un risque mais la réalité de 80 % des séminaires, assure Julien Pouget. Quand un programme est conçu de façon descendante, sans tenir compte des aspirations des participants, l’ennui est souvent au rendez-vous. » Quand il conçoit un programme, il a une obsession : « Faire en sorte que les participants ne soient pas simple ment spectateurs, mais réellement acteurs de leur séminaire. » à méditer…

Les conseils du coach

Winoc Deleplanque

Consultant et coach (Winoc Consulting)

–1– Élaguez !

Pour construire le programme d’un séminaire, je passe beaucoup de temps avec le manager afin de comprendre ce qu’il attend, ce qu’il redoute et ce qu’il veut impulser. Je rencontre également des participants. Avec tout ce qui ressort de ces échanges, j’aurais de la matière pour une semaine entière de séminaire ! Mais je suis convaincu qu’il faut laisser un peu d’espace au temps. Alors j’élague ! Le séminaire doit permettre aux participants de sortir de leur quotidien et de prendre le temps de vivre ensemble.

–2– N’ayez pas peur d’annuler à la dernière minute

Au moment où j’ai compris que les participants ne respecteraient pas les règles élémentaires de communication, j’ai préféré tout annuler et expliquer pourquoi à tous les participants, en leur proposant de reporter le séminaire de deux mois.

–3– Faites un vrai bilan

Le séminaire s’est bien déroulé, tout le monde en est reparti satisfait… mais in fine, il n’a débouché sur rien de concret. C’est un grand classique ! Un séminaire bien préparé, avec un véritable objectif et un programme cohérent, doit impulser une nouvelle dynamique. Sinon, c’est juste une distraction : pas forcément inutile, mais pas vraiment indispensable…

Auteur

  • Sabine Germain