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L’enquête

Intérim : Se former pour travailler plus longtemps

L’enquête | publié le : 19.07.2016 | Lydie Colders

Créé par la branche intérim, le fonds de sécurisation de l’emploi des intérimaires affiche un premier bilan positif. En 2015, 25 000 intérimaires formés ont vu leur temps de travail augmenter de 6 %.

Le 6 avril, la branche de l’intérim a dressé un premier bilan de la mise en œuvre du Fonds de sécurisation des parcours intérimaires (FSPI), créé en 2014 pour financer des accompagnements, dans l’objectif d’accroître le temps de travail des intérimaires. Né de l’accord sur la sécurisation de l’emploi de 2013, le FSPI vise à augmenter de 80 000 intérimaires de 40 heures par an pendant trois ans le taux d’emploi. Sont visés les intérimaires travaillant environ à mi-temps (entre 800 et 1 000 heures par an), ainsi que les intérimaires plus précaires, avec 400 heures d’activité sur deux ans dans la branche.

Résultats : en 2015, 25 000 intérimaires ont bénéficié d’entretiens et de formations financés par le FSPI, ayant contribué à augmenter leur temps de travail de 5,9 %, soit 40 heures en plus. Des résultats plutôt encourageants, mais encore loin de l’objectif de 80 000 intérimaires, qui devraient voir une hausse de leur temps de travail de 120 heures d’ici à mars 2017, selon l’accord. Prism’emploi reste néanmoins confiant : « 25 000 intérimaires accompagnés en un an, c’est plutôt satisfaisant. Le FSPI a mis du temps à s’installer. Mais nous atteindrons nos objectifs », affirme François Roux, le délégué général du syndicat patronal.

Une contribution de 0,5 %

À raison d’une contribution de 0,5 % de la masse salariale par an au FSPI, les grandes sociétés d’intérim ont en effet tout intérêt à récupérer leur investissement. À Manpower, la contribution au FSPI devrait atteindre entre 8 et 10 millions d’euros fin 2016. Le leader de l’intérim est l’un des plus actifs pour augmenter le taux d’emploi des intérimaires. En 2015, 23 000 d’entre eux ayant plus de 800 heures de travail ont intégré le programme Visa intérim et parcours (VIP), leur permettant de faire le point sur leur projet en entretien, de suivre une formation ou d’être prioritaire sur des missions, avec la possibilité de se former en ligne.

Via le FSPI, l’entreprise de travail temporaire (ETT) a financé 3 300 formations métiers dans la logistique, le bâtiment ou l’industrie. Il affirme avoir permis ainsi d’augmenter le temps de travail de 15 % (120 heures) des 23 000 bénéficiaires. Un effort significatif, dû avant tout à la garantie de travailler plus. Parmi les options du programme VIP, « les trois quarts de nos intérimaires ont choisi d’être positionnés en priorité sur des missions. Ils sont sensibles au fait de travailler davantage », observe Nicolas Smeets, directeur support aux opérations de l’ETT.

Certaines PME commencent aussi à s’emparer, à la marge, du FSPI. À Bourgogne Interim (2 000 intérimaires), 14 entretiens “diagnostics” destinés aux intérimaires cumulant au moins 800 heures ont été financés via le fonds de sécurisation depuis début 2016, sur une trentaine programmés d’ici à la fin de l’année. Conduits par un prestataire externe, ces entretiens d’une heure « nous permettent d’approfondir le projet de l’intérimaire et ses besoins en formation. C’est une étude plus poussée que la relation périodique des intérimaires avec nos agences », affirme Patrick Tuphé, le président.

Dans le bilan du FSPI, ce sont les intérimaires travaillant 800 heures par an – en majorité des hommes ayant entre 26 et 44 ans dans les métiers classiques de l’intérim (ouvriers, manutentionnaires, conducteurs) – qui sont les principaux bénéficiaires de formations : 17 872 intérimaires formés en 2015 ont plus de 800 heures, contre 5 524 intérimaires ayant 400 heures sur deux ans au sein de la branche. Peu nombreuse, cette dernière catégorie est en outre difficile à capter, car « elle peut travailler ailleurs », explique Nicolas Smeets. Manpower en a formé 800 en 2015, sur 1 000 intérimaires concernés.

Formations courtes réglementaires

Si le fonds de sécurisation commence à porter ses fruits, c’est aussi parce qu’il finance en majorité des formations courtes réglementaires (renouvellement Caces, habilitation électrique). Un sujet de friction, car certains syndicalistes y voient un détournement de l’accord : « Le FSPI finance des actions obligatoires pour l’employeur, alors qu’il devrait servir à des formations qualifiantes visant réellement à faire évoluer les intérimaires afin d’améliorer leur employabilité en intégrant la pénibilité », déplore Étienne Jacqueau, négociateur CFTC pour la branche. Et les caisses du FSPI restent encore bien pleines. Sur plus de 120 millions d’euros de collecte encaissés depuis 2014, seuls 25 % ont été utilisés en deux ans pour accompagner les intérimaires.

Auteur

  • Lydie Colders