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Sur le terrain

Retour sur… Les workshops d’Ikea France sur les accords d’entreprise

Sur le terrain | publié le : 28.06.2016 | Nicolas Lagrange

À partir de novembre 2015, trois accords ont fait l’objet d’ateliers de diagnostic et de plans d’actions associant IRP, RRH, managers et salariés des magasins d’Ikea France. Cette innovation permet d’identifier les freins et les bonnes pratiques, et facilite le déploiement.

Depuis novembre 2015, Ikea France (9 740 salariés) s’attaque à un dysfonctionnement très répandu dans les entreprises. Après des négociations chronophages, la plupart des accords, une fois signés, sont mal appliqués, ce qui génère frustrations et tensions sociales. « Les syndicats signataires nous reprochaient de ne pas tout mettre en œuvre auprès de nos établissements pour faire appliquer les accords, relève Vincent Segui, directeur des relations sociales d’Ikea France. Et les responsables de magasins affirmaient ne pas pouvoir accompagner et mettre en œuvre les deux ou trois accords que nous signons chaque année. »

À la rentrée 2015, l’équipe de la DRH décide de mettre sur pied quatre workshops (ateliers) régionaux pour décliner l’accord sur la santé au travail (signé au début de l’été) dans les 34 établissements de la filiale française (32 magasins, le siège social et le centre de relations clients). Sont conviés, outre les syndicats signataires, six représentants de chaque établissement : un élu désigné par les IRP, un RH, un manager de 1er niveau, un manager de 2e niveau et deux salariés intéressés par la problématique. Ainsi qu’un médecin du travail, un représentant Carsat-Cramif et des membres de l’instance nationale de coordination des CHSCT, chargée du suivi de l’accord santé.

Trois ateliers

Le workshop démarre par une introduction sur les enjeux de l’accord, puis les participants planchent successivement sur trois thèmes pendant une journée. « Pour chaque thème, les représentants de chaque établissement se réunissent d’abord entre eux pour évaluer l’état d’avancement, explique Vincent Segui. Sur une carte routière comprenant un certain nombre d’étapes à franchir, ils indiquent à quel niveau ils se situent. Un autopositionnement qui leur permet d’identifier les freins et les bonnes pratiques, avant de les partager en plénière avec les autres établissements. »

Des discussions qui font mouche, selon Jean-Paul Salgado Barbosa, DSC CFDT (1er syndicat) : « Nous ne savions pas si cette initiative allait fonctionner. En fait, la concertation entre des salariés de différents horizons accélère la sensibilisation. Signer des accords n’est pas le plus compliqué, il faut surtout les accompagner, pour éviter l’absence de mise en œuvre. »

Illustration avec l’accord intergénérationnel, signé fin 2014 et globalement resté lettre morte. En mars 2016, la direction propose à nouveau quatre workshops régionaux, avec à chaque fois une cinquantaine de participants, dont plusieurs salariés juniors et seniors. « Nous avons pu prendre du recul, au niveau du groupe et par établissement, et réfléchir à des solutions », indique le représentant CFDT. Fort de l’engouement pour cette nouvelle forme de service après-vente, l’accord relatif au handicap (2016-2018), signé en mars par les cinq syndicats représentatifs, prévoit la mise en place de quatre workshops régionaux… lesquels ont eu lieu entre mi-avril et mi-mai. Car Ikea France emploie 6,04 % de salariés handicapés au niveau groupe, mais 40 % des établissements sont en dessous de l’obligation légale. Durant une journée, trois ateliers thématiques ont mis en évidence les difficultés rencontrées sur le recrutement, la formation et la communication, et le maintien dans l’emploi. Dégageant aussi les facteurs de réussite des magasins “vertueux”. « Le volontarisme plus ou moins grand des directeurs de magasin est déterminant, comme l’implication des RH », estime Sylviane Nguyen, DSC CFE-CGC. À l’issue des quatre workshops régionaux, l’équipe de la DRH diffuse une synthèse aux participants, pour permettre à chaque établissement de construire son plan d’action.

Diffusion de l’information

« C’est une initiative intéressante, qui mérite d’être généralisée, assure la représentante CFE-CGC. Chacun prend conscience que des accords existent, l’information est décryptée et diffusée largement. » Une initiative qui valorise aussi la contribution des délégués syndicaux et met en avant les motivations de leur signature. « Pour plus d’efficacité, l’autopositionnement de chaque établissement pourrait se faire quelques jours avant les ateliers. Cela permettrait de passer plus de temps sur les pistes d’actions », suggère Jean-Paul Salgado Barbosa. « Difficile d’apprécier d’ores et déjà l’impact des workshops, ajoute Sylviane Nguyen. Mais, pour ne pas décevoir les attentes des salariés, par exemple sur l’accord santé et les conditions de travail, il faudrait pouvoir effectuer des audits de suivi dans les établissements et prévoir des actions à terme si rien n’a bougé. »

Pour Vincent Segui, « la généralisation des workshops est souhaitable. Les accords majoritaires sont plus faciles à porter, mais pourquoi ne pas envisager aussi des ateliers physiques ou en visioconférence sur des textes plus sensibles, comme un compromis de NAO ? »

L’ensemble des RH mis à contribution

Pour préparer chaque workshop, la direction des relations sociales envoie aux RRH et aux managers des 34 établissements français une fiche détaillant les nouveautés de l’accord article par article et, pour chaque disposition, les interlocuteurs compétents au niveau national et/ou des magasins, ainsi que les échéances de mise en œuvre. « L’ensemble de la fonction RH – mobilité, formation, recrutement, diversité… – s’est mobilisé pour faire vivre le dispositif et animer les workshops, souligne Vincent Segui, le DRS France. Nous ne voulions pas d’une initiative confinée aux relations sociales. Et les ateliers eux-mêmes mettent à contribution les différents acteurs de l’entreprise et responsabilisent chaque établissement. »

Auteur

  • Nicolas Lagrange