SPECIALISTE DE PHILOSOPHIE, de psychologie et de management, directeur de Grenoble École de Management, l’auteur était jusqu’ici plus enclin à écrire sur ces sujets plutôt qu’à une réflexion politique et sociologique. Il franchit aujourd’hui le pas à partir de la distinction entre l’éthique de conviction, qui revient à faire ce que l’on doit faire sans trop se soucier des résultats, et l’éthique de responsabilité, qui consiste, au contraire, à assumer ceux-ci jusque dans leurs conséquences négatives. L’auteur propose donc un renversement, qui ne manque pas d’ambition, entre la dimension managériale et la dimension sociale, pour mieux inviter les managers et l’entreprise à assumer cette éthique de responsabilité dans leur intérêt même. Là, en effet, où les patrons font à peu près ce qu’il faut pour assurer le succès de leur entreprise dans une logique darwiniste fortement concurrentielle, l’auteur les invite à réfléchir à la dimension sociale de la prospérité.

Considérant que le bien-être de tous – dont celui des entreprises – est tributaire du bien-être général, il devient alors concevable, intelligent et éthique de se sentir responsable devant la collectivité afin de soigner in fine son intérêt personnel. L’inverse, en quelque sorte, de la main invisible du marché chère à Adam Smith. Là où celui-ci croyait qu’en se souciant de son intérêt personnel, chacun contribuait à la prospérité de tous, l’auteur renverse ici la donne et propose de se soucier du bien-être de tous pour contribuer à sa propre prospérité. Faire attention au lotissement (immeuble, quartier…) pour valoriser sa propre maison.