Le syndicalisme est corrompu, vive l’action syndicale ! Tel pourrait être le message de ce livre. Ce survol des idées ne veut pas priver le lecteur du détail de ce bilan paradoxal mais, au contraire, l’inviter à aller regarder de plus près l’étonnante enquête à laquelle se sont livrés les auteurs, tous deux journalistes [Rozenn Le Saint publie notamment dans nos colonnes]. Sur le constat d’ensemble, pas de surprise, puisque plusieurs auteurs, dont Dominique Andolfatto et Dominique Labbé (Sociologie des syndicats, La Découverte, 2007) et le rapport Perruchot de 2011 avaient fait la lumière sur les allées obscures de l’organisation et surtout du financement syndicaux.

L’accumulation des faits rassemblés ici reste cependant hallucinante, du point de vue du droit et de la morale publique et du point de vue du dévoiement du rôle syndical. Si, à la base, la conviction et le dévouement sont le plus souvent au rendez-vous, ils semblent largement oubliés dans les hauteurs brumeuses des instances permanentes et, le moins que l’on puisse dire, c’est que la transparence n’est pas au rendez-vous. La conclusion de cette recherche fouillée est en tout point navrante. Notre système de représentation du travail, en plus d’être coupé de sa base et d’une inefficacité désespérante, fonctionne assez souvent à contresens. Au lieu de servir l’intérêt des travailleurs, il est mis au service des coteries, des intérêts personnels, quand ce n’est pas tout simplement au service des patrons. Un livre qui ne propose aucune solution, mais qui laisse entendre que le système doit être revu de fond en comble.