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Déjeuner ensemble pour mieux manager ?

La chronique | publié le : 24.05.2016 |

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Déjeuner ensemble pour mieux manager ?

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Philippe Détrie la maison du management

Une de mes précédentes chroniques

soulignait que dire bonjour, c’est sain. Mais ce n’est que le début de la journée. Déjeuner ensemble aussi est sain, c’est même une belle opportunité pour se rapprocher de ses collègues. La nécessité universelle de se nourrir présente une occasion pour développer l’attention à l’autre et faciliter le dialogue.

Nous savons que le travail est devenu, dans de nombreux postes, une pratique plus relationnelle que manuelle ou intellectuelle. Et que la convivialité en entreprise favorise l’efficacité collective et le mieux-être individuel. Nous sommes tous d’accord sur le discours. Mais l’action, c’est mieux. Que faisons-nous pour partager cette conviction ? Cela me fait penser à l’un de mes amis DRH, qui me disait : « J’adore les relations humaines, ce sont les gens qui m’insupportent ! » Nous sommes tous persuadés que nous rayonnons de sympathie, que nous irradions la joie et que la seule vue de notre personne génère un plaisir fou au travail. Allez donc demander à vos collègues…

Une relation se crée et s’entretient.

Un repas informel ensemble est une source idéale de convivialité telle que nous la définissons : une relation positive, directe, libre et chaleureuse.

– Positive : c’est une invitation à dire oui – en aucun cas une obligation –, à partager un temps non ordonné, propice à la rencontre et à l’échange.

– Directe : l’absence d’ordre du jour ou de médiateur facilite l’écoute de l’autre, la curiosité, la spontanéité. Comme le dîner du soir en famille ou avec des amis : le plaisir d’être ensemble simplement pour être ensemble crée une oasis de communication.

– Libre : on peut se mettre à table sans nécessairement “se mettre à table” ! Chacun est libre de rester lui-même, il dira bien ce qu’il a envie de dire… L’objectif n’est pas de convaincre, mais de partager un moment.

– Chaleureuse : c’est le premier sens du mot convivialité selon Le Petit Robert : « Rapports positifs entre personnes au sein de la société.

– Relation des convives qui ont plaisir à manger ensemble ».

Se ressembler, non ; se rassembler, oui.

Faut-il se forcer ? Certainement pas. Le désir de proximité deviendrait clonage ou manipulation. Cela ressemblerait à ce mouvement “J’aime ma boîte”, assez critiqué pour son embrigadement affectif, du style : « Dites-le moi que vous m’aimez ! ». « There is no free lunch », souligne le pragmatisme britannique, qui indique qu’il n’y a pas d’invitation gratuite, comme pourrait le laisser entendre le titre instrumental de la rubrique. Mais ici, l’ambition est très modeste : il ne s’agit pas de faire croire qu’un déjeuner va autoriser un soudain copinage ou résoudre des difficultés relationnelles entre collègues (même si cela peut y contribuer !). Il s’agit simplement de se donner un temps pour décloisonner et décontracter ou développer une relation. La rendre plus humaine et plus égale : ce n’est pas parce qu’on est le chef qu’on a le droit à deux kirs ou à trois desserts. Je connais un Pdg qui recrute à 11 h 00, puis, si le fit se crée, invite le candidat au restaurant simplement pour approfondir une relation plus personnelle. À l’instar de La Fête des voisins : les problèmes de voisinage ne sont pas nécessairement dénoués pour autant et les habitants ne vont pas se mettre à s’embrasser dans la cage d’escalier, mais cela permet de se parler et, parfois, de mieux se comprendre. C’est une offre de ressourcement plus qu’une injonction. Un premier pas ne crée pas de route ensemble, mais une route ensemble passe par un premier pas. Vienne qui voudra et advienne que pourra !

Ayez faim d’ouverture à l’autre.

L’important est de faire le premier pas et d’inviter ses collaborateurs de temps en temps. J’ose dire que cela ne mange pas de pain ! Manger ensemble fait partie du savoir-vivre et du partage. D’ailleurs, avez-vous remarqué que tout groupe se soude autour d’une table ? Dans l’Église, à l’armée, en famille, avec les collègues… Quelle que soit la communauté, la bonne entente se crée autour du manger et du boire-ensemble. Le jour où le patron n’a plus déjeuné avec ses ouvriers, la lutte des classes est née !

Voltaire nous le confirme : « Dieu nous a donné le vivre ; c’est à nous de nous donner le bien-vivre. »