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3 questions sur Patrice Obert

Acteurs | publié le : 24.05.2016 | Rozenn Le Saint

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3 questions sur Patrice Obert

Crédit photo Rozenn Le Saint

À la tête de la toute nouvelle délégation générale à l’éthique de la RATP, créée en décembre 2015 à la suite des attentats islamistes, son rôle est de faire en sorte que la laïcité et la non-discrimination soient respectées dans l’entreprise, parfois touchée par des problématiques communautaires.

Dans quelle mesure le nouveau plan d’action “travailler ensemble” découle-t-il des événements du 13 novembre 2015 ?

Samir Amimour, qui s’est fait exploser au Bataclan, ne travaillait plus à la RATP. Un collègue formateur y est décédé. Pour autant, l’accent a été mis par les médias sur notre entreprise, qui n’est pas la seule à connaître des phénomènes de communautarisme. La crise a au moins eu le mérite de révéler que nous n’avions pas pris l’entière mesure du phénomène. C’est une réalité qui est difficile à quantifier : ni marginale ni générale, présente sans être la préoccupation première des managers, importante sur certains sites.

Les atteintes à la laïcité arrivent dès les années 1990 avec des personnes de confession musulmane qui n’acceptent pas de serrer la main aux femmes et qui utilisent les locaux ou les bus pour effectuer leur prière. La RATP est une entreprise très ouverte, qui dessert et recrute sur tous les territoires. Nous avons de la diversité, que cela soit en termes d’âge, de niveau de diplôme ou de nationalité. C’est une richesse, mais nous devons mieux la gérer en augmentant notre taux de féminisation, qui est de 20 %, et en évitant la concentration de quelques communautés sur certains sites afin qu’elles soient mieux réparties. C’est un sujet sensible, et nous allons y travailler avec les services opérationnels.

Quelles ont été les premières mesures mises en place par la délégation à l’éthique ?

Le plan “travailler ensemble”, diffusé le 25 février, comporte 15 mesures, notamment des actions en matière de recrutement, de parcours des salariés et de formation à la laïcité. Nous avons commencé à sensibiliser les équipes de recrutement pour qu’elles rappellent bien les règles de laïcité qui s’imposent à la RATP en tant qu’entreprise publique. Le 19 février dernier, 200 directeurs de service et l’ensemble des responsables RH ont reçu une formation assurée par le comité interministériel de prévention de la délinquance, en lien avec l’Observatoire de la laïcité. Un module plus approfondi, qui reposera notamment sur un serious game, est prévu pour les managers de proximité. Par ailleurs, nous avons l’objectif ambitieux de sensibiliser l’ensemble des agents à la laïcité d’ici à deux ans. Dans les entretiens annuels d’évaluation, quelques items concerneront le respect des valeurs de la République et autres indicateurs sociaux.

Quelle est la marche à suivre de l’encadrement de proximité ?

Si les managers font face à une situation sensible, il est important qu’ils en parlent pour que nous trouvions des solutions. Il leur est demandé de réaliser des entretiens de recadrage pour expliquer que l’on ne peut pas prier dans les locaux de la régie, que la discrimination des femmes n’est pas tolérée, etc. Si cela ne suffit pas, il faut entrer dans des sanctions progressives, proportionnelles et harmonisées, qui peuvent aller de la mise à pied de quelques jours jusqu’au passage en conseil de discipline et à la révocation. Celle-ci peut reposer sur le constat partagé que le salarié place ses convictions religieuses au-dessus des règles de la RATP.

Les problèmes de salutations sont les plus compliqués à gérer. Si on ne peut pas imposer de se serrer la main ou de se faire la bise, nous ne tolérerons aucune discrimination vis-à-vis des femmes. Le règlement intérieur et le contrat de travail rappellent depuis 2005 les règles de neutralité et de laïcité. Il convient désormais d’être ferme dans leur application.

Auteur

  • Rozenn Le Saint