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L’enquête

Commerces d’alimentation : Le solo prolongé des détaillants en fruits et légumes

L’enquête | publié le : 17.05.2016 | Hubert Heulot

Le rassemblement des petits commerces d’alimentation en une branche unique butte sur la disparité de leurs chiffres d’affaires moyens, de leurs statuts professionnels et habitudes de travail.

« Nous n’allons tout de même pas nous marier avec la coiffure ! » Le découragement guette Sandrine Choux, déléguée générale de l’Union nationale des détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD). La réunion du petit commerce d’alimentation, tentée par l’UNFD, a pour le moment échoué. Pourtant, avec 300 000 salariés, celui-ci pèserait plus lourd pour négocier de nouveaux moyens afin de concurrencer la grande distribution, son grand défi.

L’UNFD elle-même se porte bien. Elle a rallié ces dernières années les fromagers, les cavistes et les spécialistes du bio, dont l’activité explose. Sa convention collective, datant de 1998, « fonctionne bien » : il y a six ans, un accord a été trouvé avec les syndicats afin que les 68 000 salariés disposent d’une mutuelle pour 20 euros par mois. Mais les détaillants en fruits et légumes craignent de « rester à la traîne sur le front social par rapport à la grande distribution ». Aucun accord n’a pu être trouvé avec les syndicats sur le temps partiel. Et le 13e mois n’y existe pas, à la différence de la grande distribution. « Nous sommes à 90 % des TPE. Pour faire du social, nos entreprises ont besoin d’un dialogue de branche. C’est d’ailleurs à ce niveau que sont organisés les syndicats de salariés. Il nous faut une vraie convention collective des métiers du commerce d’alimentation indépendant », plaide Sandrine Choux.

Trop de particularités

Il y a quelques mois, des consultations débutent avec les boulangers et les pâtissiers-chocolatiers-glaciers. Mais elles achoppent sur la particularité des chocolatiers de ne pas travailler le dimanche. L’hypothèse d’un rapprochement avec les poissonniers est vite abandonnée : leurs deux fédérations professionnelles en interne ne se parlent pas.

Financement du paritarisme

Plus prometteurs, les contacts avec les bouchers-charcutiers, représentant à eux seuls 30 000 salariés, démarrent sous de meilleurs auspices. Des troncs communs dans les conventions collectives apparaissent. Des grilles de qualifications communes pourraient être dégagées. Mais les discussions n’aboutissent pas. L’obstacle vient du fait que les bouchers sont des artisans : ils ne peuvent s’établir sans brevet professionnel, contrairement aux détaillants en fruits et légumes. Les bouchers adhèrent à l’Union professionnelle artisanale (UPA). Celle-ci a signé un accord national de financement du paritarisme pour lequel ils cotisent à hauteur de 0,15 % de leur masse salariale. « L’effectif moyen chez nous est d’un salarié et demi, le chiffre d’affaires, de 400 000 euros. Il est impossible de demander à nos adhérents une cotisation de 120 euros par an pour financer le paritarisme », note Sandrine Choux, même si elle admet que c’est le seul moyen, en allant décrocher de nouveaux accords sociaux, de progresser.

La fusion des deux branches exigerait aussi un changement d’Opca. Les régimes de mutuelles auraient à évoluer l’un vers l’autre. Celui des détaillants en fruits et légumes dispose d’une année de réserve. Les bouchers-charcutiers pourraient-ils en bénéficier, sans constituer la leur dans un premier temps ?

« Les fondamentaux de tous nos métiers ne sont pas les mêmes, en conclut Sandrine Choux, mais les objectifs le sont. Il faudrait commencer par bâtir une convention-cadre sur des thèmes chers aux entreprises comme la formation professionnelle ou le temps partiel. Puis prévoir des passerelles pour que les différents métiers convergent par la suite. Le social viendrait ensuite. »

Auteur

  • Hubert Heulot