En signant la Charte de la parentalité en entreprise de l’Observatoire de l’équilibre des temps et de la parentalité en entreprise le 4 avril, Arnaud Bosom, directeur général adjoint aux relations humaines et RSE du groupe TF1, a souhaité indiquer « son attachement aux pratiques et comportements managériaux respectant l’évolution professionnelle des salariés-parents ». L’entreprise de médias du groupe Bouygues, qui emploie 2 600 salariés permanents dans 250 métiers, dont 500 journalistes, s’engage ainsi à créer un environnement favorable aux salariés-parents, notamment pour les femmes enceintes.

La direction de TF1 et ses cinq organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGC, CGT et FO) avaient déjà signé le 4 janvier un accord groupe relatif à l’égalité professionnelle, dont certaines mesures sont présentées dans un « guide de la parentalité » diffusé récemment aux salariés : des autorisations d’absence pour les visites prénatales des futurs parents, des aménagements pour les femmes enceintes (travail à domicile à temps plein ou partiel à partir du 4^e mois de grossesse ou réduction de la durée de travail de 10 heures par semaine du 6^e mois de grossesse à la fin du 5^e mois après l’accouchement), 5 jours de congé d’absence rémunéré par enfant en situation de handicap, un complément de salaire pour les congés paternité…

La charte engage également TF1 sur les représentations liées à la parentalité et sur l’évolution professionnelle des salariés-parents. « Nous voulons favoriser les comportements respectueux de l’évolution professionnelle des mamans et papas et lutter contre les idées préconçues et les pratiques discriminatoires liées à la parentalité, assure le DG adjoint aux ressources humaines. Pour cela, il nous faut agir vis-à-vis des cadres RH et des managers. Pour obtenir une mobilité, une promotion, participer à un projet, c’est d’un autre âge de considérer que les gens doivent être corvéables à merci. » Si les intentions sont posées, en revanche, rien n’est prévu pour mesurer l’application réelle de la charte. « Je ne vais pas mettre en place des baromètres, des contrôles, des process, car respecter les principes de non-discrimination et faire évoluer les comportements, c’est la vocation et le rôle des RH », réplique Arnaud Bosom.

Hubert Cazenave, secrétaire général CFTC (majoritaire), considère cette charte comme un « formidable outil pour faire avancer les revendications » mais dénonce une certaine « schizophrénie ». « On signe des chartes avec de bonnes intentions, mais dans le monde réel, elles ont du mal à se réaliser dès qu’il y a des contraintes économiques », regrette-t-il. Le syndicaliste raconte plusieurs cas de femmes à qui le renouvellement du temps partiel a été refusé pour des raisons économiques et même la récente suppression totale des temps partiels, dès lors que l’employeur peut s’y opposer (après la fin du congé parental) dans deux filiales du groupe. Il cite également des exemples de salariées n’ayant pas retrouvé leur poste à leur retour de congé maternité, certaines finissant par quitter l’entreprise. « Le DRH a une réelle volonté de changer les choses, reconnaît-il, mais qui se heurte à la réalité. Il y a beaucoup de mentalités à faire évoluer, notamment une vieille culture présentéiste qui oblige à montrer qu’on est là, et qui fait que vous êtes mal vu si vous partez à 18 heures. »

À TF1, le télétravail est encore expérimental. C’est aussi la seule entreprise du groupe Bouygues à ne pas avoir réussi à signer d’accord sur la qualité de vie au travail. De nouvelles négociations devraient démarrer cette année.