Le travail contribue à l’épanouissement des individus, mais il peut aussi rendre malade quand il vire au cauchemar. Les psychopathologies physiques et mentales du travail sont maintenant bien connues : troubles musculo-squelettiques, stress, dépression, burn-out, maladies professionnelles… Cependant, le travail, même objectivement pénible, ne rend pas systématiquement malade et, surtout, n’atteint pas de la même manière tous les travailleurs exerçant un métier identique dans les mêmes conditions. C’est que l’individu résiste aussi bien aux conditions les plus difficiles qu’à une catégorisation mécanique. Il construit des défenses individuelles et collectives parfois coûteuses (par exemple les conduites à risques avoisinant le déni dans les métiers dangereux) mais parfois aussi utiles à la société comme à lui-même : c’est le cas par exemple de la sublimation. Il n’existe donc aucun lien automatique entre ce qui peut faire souffrir au travail et les décompensations psychologiques ou physiques des individus. Ce qui ne veut pas dire bien sûr qu’il n’y a aucun rapport entre les unes et les autres.

Dans la lignée de ses travaux précédents, l’auteur, psychiatre et psychanalyste, titulaire de la chaire Psychanalyse-santé-travail au Cnam, poursuit avec une extrême rigueur son analyse de l’impact des situations de travail sur l’équilibre personnel des individus, en prenant toujours grand soin d’articuler les composantes individuelles et collectives entremêlées dans la réalité, mais qu’il importe de mieux comprendre, dans une optique de prévention.