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L’enquête

Sepur : Les CIE remettent le pied à l’étrier

L’enquête | publié le : 26.04.2016 | É. S.

En partenariat avec Pôle emploi Ile-de-France, l’entreprise de gestion des déchets et de nettoyage réserve une partie de ses CDD à des personnes en insertion, parfois très éloignées de l’emploi.

Avec un objectif de 110 CUI-CIE en 2016, c’est dans un vaste plan de recrutements que s’est engagée la direction de Sepur depuis l’été dernier. « Cette initiative s’inscrit dans la démarche de responsabilité sociale que nous avons engagée il y a environ trois ans, qui comprend également des actions en faveur de l’alphabétisation, ou la création d’un CAP gestion des déchets et propreté urbaine en alternance à destination des jeunes en décrochage scolaire, indique la DRH, Claire Héry. Avec ces recrutements, nous voulons permettre à des personnes en difficulté d’insertion d’acquérir une expérience professionnelle récente qui les aide à revenir sur le marché du travail. »

Il ne s’agit pas, en effet, d’un mode de prérecrutement. Avec un turnover faible, la reprise du personnel affecté à un chantier à chaque fois qu’un marché est remporté, Sepur a peu de postes en CDI à pourvoir. Ce sont donc des emplois en CDD qui sont ouverts aux CIE, avec l’objectif de maintenir, en permanence, un effectif d’une centaine de personnes. « Pour nos remplacements notamment, nous donnons la priorité à ces profils. Sachant que les missions durent au minimum quatre mois, afin d’offrir une expérience crédible », détaille la DRH.

Une relation de confiance

À cette fin, un partenariat a été signé avec Pôle emploi Ile-de-France. L’agence de Plaisir (78) a accompagné une soixantaine de recrutements, sur des postes saisonniers d’enlèvement des déchets verts : « C’est un volume important, que nous avons accepté car nous avons une relation de confiance avec Sepur et nous savions que les personnes seraient bien encadrées par les tuteurs », relate Marjorie Goetz, la directrice.

Concrètement, Sepur détermine ses besoins, l’opérateur propose des profils. « Au départ, nos interlocuteurs ont eu tendance à privilégier des candidats qui avaient travaillé en intérim, par exemple. Nous leur avons rappelé que l’objectif était d’aider à l’insertion des personnes les plus éloignées de l’emploi, et ils ont bien joué le jeu. Ils ont accepté des profils que l’on n’aurait jamais pu placer autrement », poursuit-elle, citant des personnes au chômage depuis trois ans, ou sans logement. Un fait d’autant plus notable que les conditions de travail des chauffeurs, ripeurs et agents de propreté sont particulièrement difficiles.

Mise en situation professionnelle

Au fil du temps, l’intégration s’est d’ailleurs affinée : « Pour les premières embauches, le taux d’échec était de 50 % dès la première semaine, se souvient la DRH. C’est pourquoi nous avons systématisé des périodes préalables de mise en situation professionnelle. À ce stade, il y a déjà des abandons. »

Ensuite, les salariés bénéficient des formations dispensées à toutes les nouvelles recrues, mais avec des spécificités : « Nous avons enrichi la formation “gestes et postures” d’un module technique et théorique sur la qualification des déchets, issu du CAP que nous avons monté, et transposable chez un autre employeur du secteur », souligne Claire Héry.

Donner de nouvelles perspectives

Enfin, « un mois avant la fin de la mission, nous recontactons les salariés pour faire le bilan et reprendre l’accompagnement personnalisé », indique Marjorie Goetz. Certes, le CIE ne débouche pas sur un emploi pérenne. Mais l’expérience chez Sepur prouve son utilité, selon elle : « C’est un tremplin, qui permet surtout aux personnes de changer la représentation qu’elles ont d’elles-mêmes, et de leur donner de nouvelles perspectives. De jeunes chauffeurs ont pu avoir une première expérience à mettre sur leur CV ; l’un d’entre eux s’est découvert des aptitudes à l’encadrement d’équipe. » À l’échelle de son agence, elle évalue de 30 % à 40 % le nombre de personnes ayant accédé à une formation ou à un emploi depuis leur passage chez Sepur.

In fine, Marjorie Goetz voit dans ce partenariat une formule “donnant-donnant” : « Nous avons l’opportunité de remettre en emploi des personnes en grande difficulté ; Sepur peut pourvoir rapidement des besoins en main-d’œuvre peu qualifiée sur des travaux difficiles. » Sans oublier l’aide financière – que Claire Héry chiffre à environ 300 euros par mois et par contrat –, qui permet d’abaisser le budget dévolu à l’intérim. Un coup de pouce bienvenu, aussi, pour l’employeur.

Repères

Activité

Nettoyage et gestion des déchets.

Effectif

2 250 salariés.

Chiffre d’affaires 2015

180 millions d’euros.

Auteur

  • É. S.