Dans l’entreprise comme dans la société, la pratique cultuelle musulmane, quand elle est vécue avec rigorisme, peut induire des comportements qui déstabilisent les équipes ou qui heurtent les cultures managériale et d’entreprise. Si ces attitudes restent minoritaires, elles n’en questionnent pas moins l’entreprise comme lieu du faire et du vivre-ensemble. Elles posent aux managers et aux services RH des questions pratiques de constitution des équipes et de fonctionnement, mais aussi des questions éthiques, quand il s’agit de réagir sans stigmatiser, ainsi que des questions juridiques pour adapter les solutions aux dispositions prévues par la loi.

Au titre des comportements qui posent problème figurent notamment les absences ou la baisse de productivité pendant le ramadan, et la conduite envers les femmes : refus de serrer la main, de travailler avec des femmes ou de leur obéir quand elles sont en position hiérarchique. Les auteurs, un chercheur à l’université Aix-Marseille et un chef d’entreprise, expliquent les situations concrètes, les conceptions du monde et des genres en cause. Ils précisent aussi que l’entreprise ne peut se contenter de faire le dos rond pour éviter au maximum les conflits au nom d’une tolérance de principe, mais qu’elle se doit de définir clairement les exigences de son bon fonctionnement dans le contexte du droit français. Il ne s’agit ni de minimiser ni de dramatiser les situations à problème, mais de les recadrer en prenant la bonne distance.