Quel avenirpour le droit du travail ?
La Commission européenne avait commandé en 1999 à Alain Supiot un rapport sur la transformation du travail et l’avenir du droit social. Question plus que jamais d’actualité, à l’heure où le gouvernement s’engage dans une politique libérale de l’emploi. La réédition actualisée du “rapport Supiot” aide à mettre les idées au clair sur un débat qui, aujourd’hui, divise profondément la gauche elle-même.
La demande transnationale de la Commission cherchait à mieux adapter le travail à l’économie nouvelle globalisée, mais elle visait aussi à faire avancer l’Europe dans le sens du social. Depuis, cette dernière perspective semble délaissée pour des raisons largement conjoncturelles et politiques. Est-ce une raison pour oublier que, derrière l’économie financière, la vraie richesse produite est créée par le travail des personnes et non par celui de l’argent ? Alain Supiot rappelle, notamment dans sa préface, que l’Europe trahit aujourd’hui sa promesse faite aux citoyens européens d’égalisation dans le progrès. Cependant, ne faut-il pas craindre un retour de bâton de la part de ces travailleurs européens, qui se sentent aujourd’hui bernés ?
Moins-disant social, moins-disant fiscal, concurrence entre les pays de l’UE sur le coût du travail, la fiscalité et le droit social… Ce beau credo de la liberté capitaliste revient, pour l’auteur, à siphonner la démocratie de tout contenu, dès lors que seule prévaut la loi du plus fort. Elle représente une fuite en avant éperdue dans tous les pays de la zone euro au profit d’une promesse de croissance qui ressemble de plus en plus à une chimère.