« IL Y A DES GENS qui veulent travailler à n’importe quel prix ! » Tel est le commentaire qu’une employée de l’ANPE livre à un diplômé en sociologie – l’auteur de cet ouvrage, en l’occurrence –, qui proteste parce qu’on lui propose une formation de bagagiste de quatre mois en alternance, non rémunérée. Un vrai boulot, mais sans salaire. On peut donc vouloir travailler au prix de ne jamais occuper l’emploi pour lequel on a été formé, d’une précarité qui ne permet pas de s’insérer socialement, de conditions de travail indécentes, de pseudo-formations qui correspondent à du travail gratuit ; au prix de bilans de compétences et de tests d’évaluation proposés, voire imposés, par les services de l’emploi, mais qui ne débouchent sur rien quand bien même on les réussit.

L’auteur s’est même vu reprocher d’être trop qualifié pour l’emploi auquel il prétendait postuler à défaut d’autre chose. La précarité et son lot d’humiliations concernent de plus en plus de travailleurs de la France d’en bas. Celle qui se lève tôt pour chercher du travail ou éviter de sombrer dans la dépression. L’auteur, en relatant son expérience, tente de prendre avec le sujet la distance de l’humour. Mais, bien sûr, on rit jaune.