Pas évident de montrer ses faiblesses au travail, encore moins dans un univers à 90 % masculin sur les chantiers. « Il est dur d’avouer que l’on est fatigué. Un jour, un collaborateur m’a dit : “Je suis malade, pas handicapé”. Par le biais de sensibilisations sur les maladies chroniques, nous avons tenté de montrer que le handicap n’était pas forcément définitif et que la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peut être utile le temps de se rétablir », témoigne Hélène Chaze, responsable de la mission handicap Spie Ile-de-France Nord-Ouest, zone qui comprend 3 700 salariés.

En tout, l’entreprise dispose de huit responsables de mission handicap. Dans le cadre de ces actions de sensibilisation, une bande dessinée, avec pour personnage principal une personne diabétique, a également été distribuée à l’ensemble des effectifs en 2014.

Pour bien insister sur l’éventail des situations de handicap et sensibiliser sur les maladies chroniques, l’entreprise a instauré le mois du handicap, en 2014, événement qui a lieu chaque année. Les responsables handicap se sont déplacés sur les sites avec une borne interactive et des quiz pour expliquer la politique handicap globale de l’entreprise en gardant le fil rouge des pathologies invalidantes.

Le but est également d’informer sur la possibilité de lancer une démarche RQTH quand les salariés en souffrent, afin de débloquer les fonds destinés à aménager les postes. « Il n’est pas évident de faire admettre aux collaborateurs atteints d’une maladie chronique que ce n’est pas une faiblesse, que la RQTH leur permet d’accéder à des aménagements d’horaires ou de poste, qui améliorent leur confort au quotidien et peuvent leur éviter une fatigue inutile, confie Hélène Chaze. Certains sont de prime abord réticents et ne veulent pas bénéficier de traitements de faveur. »

Après cette sensibilisation générale, les services RH travaillent en collaboration avec les médecins du travail sur le retour à l’emploi des personnes qui ont connu un arrêt maladie de plus de 45 jours. Il est nécessaire de traiter au cas par cas, tant les maladies sont diverses et les postes à contraintes variables.

Quand cela est possible, des opérateurs de chantier sont transférés dans des ateliers, où les aménagements d’horaires et de poste sont plus aisés que sur les chantiers, avec leurs contraintes de délais inhérentes, le poids du travail collectif, les déplacements et l’évolution du poste du travail. Cela a été le cas pour un salarié atteint d’une sclérose en plaques. « Compte tenu de la structure de notre entreprise, les aménagements sont personnalisés et étudiés au cas par cas, en fonction des compétences de la personne et de ses restrictions médicales. Nous pouvons faciliter le passage du chantier au bureau des méthodes ou au magasin, par exemple », rapporte la responsable handicap.

Une personne atteinte d’un diabète travaillant dans un bureau arrivait à gérer sa maladie relativement facilement grâce à sa pompe à insuline. Pour une autre travaillant dans un chantier, c’était plus compliqué : elle a pu changer de poste en devenant responsable d’un magasin.

Pour ceux dont les changements de poste ne sont ni souhaités ni possibles, l’entreprise aménage les horaires : comme pour ce responsable de chantier, auprès de qui on a mis un véhicule à disposition pour faciliter ses déplacements. Afin de lui éviter la fatigabilité liée aux embouteillages en région parisienne, il s’y rendait en horaires décalés et travaillait de chez lui les premières heures au téléphone, notamment pour dispatcher les tâches.

Par ailleurs, la RQTH offre la prise en charge de journées pour le suivi des protocoles médicaux, de manière à faciliter la prise de traitement des malades. Afin d’adapter au mieux les aménagements d’horaires et de postes, les responsables de mission handicap sondent tous les deux ans les personnes ayant effectué une RQTH pour leur demander si elles ont besoin d’autres aménagements.

Secteur

BTP.

Effectifs

16 800 salariés en France (38 000 dans le groupe).

Chiffre d’affaires 2014

2,39 milliards d’euros en France (5,22 milliards d’euros dans le groupe).