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L’enquête

Des postes tremplins au service RH en attendant un reclassement

L’enquête | publié le : 15.03.2016 | R. L. S.

La mairie de Bordeaux a été accompagnée par le FIPHFP pour améliorer le maintien dans l’emploi et les conditions de travail des personnes atteintes de maladie chronique. Objectif : mieux anticiper les retours d’arrêt maladie, opération d’autant plus délicate au regard des spécificités du secteur public.

Il y avait 3,7 % de travailleurs handicapés reconnus par-mi les 4 300 titulaires de la mairie de Bordeaux en 2008, avant que la première convention avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique (Fiphfp) soit signée. À présent, ils en représentent 8,3 %. Cette augmentation est notamment due au fait que l’équipe RH a conditionné l’ensemble de sa politique de maintien dans l’emploi à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), qui devient la clé pour débloquer le financement de tout aménagement de poste. Et notamment pour les malades chroniques, qui comptent pour 60 % des RQTH à la mairie.

« Les freins psychologiques sont levés ; nous expliquons bien que la RQTH est le blanc-seing pour reprendre à temps partiel thérapeutique [rémunéré comme un temps plein, NDLR], de droit, ou bénéficier d’un aménagement de poste », explique Cécile Lacroix-Tréjaut, chargée de mission handicap de la collectivité.

Elle a reçu l’aide de l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) d’Aquitaine pour pallier les difficultés propres au secteur public et accueillir au mieux ces malades à la suite d’un arrêt maladie. D’abord, la visite de préreprise n’existe pas, ce qui complique l’anticipation des retours au poste. Or ceux-ci demandent d’autant plus de préparation après un long arrêt maladie lié à une pathologie invalidante. Qui plus est, des aménagements liés à une prise de traitement ou à des périodes de fatigue chroniques sont souvent nécessaires.

Du temps pour s’adapter

Par ailleurs, la tâche est d’autant plus difficile que, dans la Fonction publique, seul un poste vacant peut être proposé pour un reclassement. Or bien souvent, il ne correspond pas aux compétences de l’agent qui a besoin d’être reclassé… « Auparavant, des agents étaient maintenus en arrêt maladie en l’absence de solution pour les reclasser en cas de nécessité à leur retour », confie Cécile Lacroix-Tréjaut.

Pour régler le problème, et notamment laisser le temps aux personnes en retour de long congé maladie de se former, la mairie a contourné le problème en créant dix postes tremplin, d’une durée minimale de six mois, intégrés à l’équipe RH sur des métiers d’accueil, de comptabilité, etc. Cela offre aux agents en retour d’arrêt maladie du temps afin de se former en vue d’un reclassement, de monter en compétences en attendant qu’un poste se libère, ou d’aménager le poste d’origine en fonction des nécessités liées à la maladie.

À titre d’exemple, la spondylarthrite ankylosante – une inflammation chronique des articulations –, d’une agente de cantine l’empêchait d’exercer son métier. Elle a été reclassée au poste d’accueil de la direction des ressources humaines. Elle a débuté une formation comptable mais le projet s’est interrompu du fait de son état de santé trop précaire. Son traitement demande deux piqûres hebdomadaires, qui la rendent inopérante le lendemain. Alors elle s’est organisée pour que le traitement ait lieu le mardi et le samedi – afin de ne pas travailler le mercredi – et a demandé un temps partiel de droit, rémunéré au prorata du temps travaillé mais avec des cotisations retraite sur la base d’un temps complet.

Pour d’autres, les emplois du temps sont aménagés de manière à intervertir les horaires et permettre une prise de poste seulement l’après-midi ou un départ plus tôt pour une séance de chimiothérapie, par exemple. Enfin, les postes sont adaptés avec l’aide d’un ergonome. L’ex-agente de cantine travaille à présent aux archives de l’accueil à la DRH, service où elle a finalement été pleinement intégrée après avoir occupé ce poste tremplin.

Formation des managers

Reste à sensibiliser l’ensemble des agents, qui perçoivent encore comme un privilège ces conditions particulières octroyées. La mairie de Bordeaux a spécifiquement attiré l’attention de ses 450 encadrants sur la question, en partant de l’exemple du cancer. Pour l’heure, la moitié des managers a participé aux séances de formation sur les maladies chroniques.

Repères

Secteur

Collectivité locale

Effectif

4 300 titulaires

Auteur

  • R. L. S.