Ils sont 35 à entretenir 80 km d’espaces verts le long du Rhône, aux abords des bâtiments et des aménagements d’une des quatre directions déléguées de la Compagnie nationale du Rhône (CNR, 1 350 salariés), celle de Valence, qui exploite depuis 1933 ce fleuve pour produire de l’électricité. Tous travailleurs handicapés mis à disposition par six établissements du STPA (secteur du travail protégé et adapté) d’Ardèche et de la Drôme*, et placés sous la responsabilité de sept encadrants, comme s’il s’agissait d’une seule entreprise. Un marché de 300 000 euros annuels.

L’Office national des forêts en est le maître d’œuvre, chargé d’envoyer les ordres de service et de contrôler la bonne exécution des travaux. Mais c’est un des six prestataires, l’association Messidor, qui réalise la coordination administrative de l’ensemble depuis 2008, permettant au commanditaire CNR de ne disposer que d’un référent unique.

« La CNR a pris tout le temps nécessaire avant de nous confier le marché, se félicite Thierry Maroteaux, le responsable d’activités et de services à l’association Messidor. Nous sommes passés par des phases de test. À l’origine, il était convenu de travailler sur les abords des ouvrages. Depuis, nous avons passé deux autres accords cadres : l’un sur l’entretien des espaces verts des logements de fonction ; et un autre sur l’entretien d’un site mis à disposition des apiculteurs locaux par la CNR et destiné à l’implantation de nouvelles ruches ».

Chemin faisant, la CNR a fait modifier ses contrats en demandant de ne plus utiliser de pesticides. « Les établissements se sont adaptés », reconnaît Valéry Blachon, responsable entretien en génie civil de la CNR. En utilisant des rotofils et des raclettes pour couper ou écorcer les plantes invasives au lieu de traiter les sols ; en changeant la façon de tondre pour ne pas tout arracher et préserver la biodiversité et même en faisant brouter des petits troupeaux… Ce changement de pratique demande « un travail fin », admet Valéry Blachon, et peut représenter un nouvel appel au secteur protégé. « Nous envisageons de généraliser le pastoralisme avec 1 200 bêtes, moutons et chèvres, confie même Paul Roux, le directeur délégué à la CNR de Valence. Nous avons une réflexion à mener avec le groupement des Esat et EA sur ce projet ».

Ce projet serait un élargissement supplémentaire du périmètre de tâches que les six prestataires ont pris au fil des ans, car ils interviennent aussi ponctuellement en maçonnerie et régulièrement en blanchisserie. Ce que ne faisaient pas les entreprises de contrôle de la végétation (qui travaillent aussi le long des voies ferroviaires et des autoroutes), auxquelles la CNR continue commander des travaux d’élagage ou d’abattage d’arbres.

Quand, en 2007, la CNR a signé son premier accord d’entreprise sur l’insertion des travailleurs handicapés, le budget attribué à la sous-traitance auprès du STPA était inférieur à 10 000 euros : il atteint aujourd’hui 430 000 euros. La plus grande part revient aux travaux d’entretien d’espaces verts ainsi qu’à la blanchisserie des tenues de travail des mécaniciens et des exploitants des usines, barrages et écluses de la CNR.

Bilan ? « Le taux d’emploi handicapé est passé de 1,6 % des effectifs en 2007 à 6,2 % en 2014, dont 63 % en emploi direct et 37 % en emploi indirect », indique Paul Roux. Dans les quatre directions régionales de la CNR, près de 50 des 1 350 salariés sont titulaires d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), dont 41 employés en CDI.