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Grande-Bretagne : Penguin Random House s’ouvre aux talents non diplomes

Sur le terrain | International | publié le : 08.03.2016 | Stéphanie Salti

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Grande-Bretagne : Penguin Random House s’ouvre aux talents non diplomes

Crédit photo Stéphanie Salti

La maison d’édition britannique a décidé il y a quelques semaines de ne plus se fier aux diplômes universitaires pour recruter ses nouveaux salariés. Un choix validé par une expérience menée l’année dernière.

Chez Penguin Random House (PRH), les diplômés des prestigieuses universités britanniques ne seront plus les seuls candidats naturels à l’embauche. La société rejoint ainsi d’autres entreprises, à l’image d’Ernst & Young et de Deloitte, qui ont chacune pris des décisions pour favoriser la mobilité sociale. En janvier, la maison d’édition a pris le parti de supprimer l’obligation de détenir un diplôme universitaire pour accéder aux postes dans l’entreprise : « Le secteur de l’édition a toujours attiré des individus très capables, mais issus d’un segment spécifique de la société, explique Neil Morrison, directeur des ressources humaines de PRH. Cette nouvelle initiative s’appuie sur un principe méritocratique et vise à étendre le vivier habituel de talents dans notre maison d’édition. »

Le lancement de cette initiative trouve son origine dans une expérience menée l’an dernier : PRH se lance alors dans l’opération “the Scheme”, une campagne de recrutement reposant entièrement sur les réseaux sociaux et visant à embaucher quatre spécialistes du marketing dans le cadre d’un programme rémunéré de treize mois. Les candidats doivent uniquement répondre à deux critères : avoir le droit de travailler au Royaume-Uni et avoir terminé leurs études avant septembre 2015, quel que soit le niveau atteint. Dans une première phase de recrutements, la maison d’édition leur demande une adresse courriel et d’apporter des réponses à sept questions via Tumblr. Le processus est ensuite complété par une phase pratique.

Selon Neil Morrison, la corrélation entre les performances dans l’entreprise et la possession de diplômes universitaires n’a pas été prouvée lors de cette expérience : « Sur les quatre candidats que nous avons finalement retenus, sur 800 au total, deux n’étaient jamais passés sur les bancs de l’université, l’un d’eux ayant tout juste décroché son A-Level [NDLR : équivalent du bac]. » Pour PRH, cette nouvelle philosophie impose aussi de nouvelles méthodes de recrutement : « Il est beaucoup plus facile d’embaucher en fonction des origines universitaires des candidats ou selon leurs notes aux différents examens, explique le DRH. Or cette nouvelle manière de procéder nous impose de repenser nos processus. »

La maison d’édition s’appuie ainsi de plus en plus sur l’utilisation d’entretiens par téléphone portable et tablette : « Cette méthode nous permet non seulement de multiplier les questions, mais aussi d’éliminer la barrière géographique dans la mesure où les candidats n’ont pas à se déplacer à Londres pour passer l’entretien. » PRH travaille aussi main dans la main avec neuf responsables de département, de façon à identifier les exigences propres à chacun de leur secteur d’activité. Cette initiative, qui n’exclut pas pour autant les diplômés d’université, s’applique à tous les nouveaux emplois dans l’entreprise, à l’exception des métiers qui exigent une qualification professionnelle particulière, à l’image par exemple du métier d’avocat. « Nous ne voulons pas faire de l’ingénierie sociale : il n’y a donc aucune raison de fixer des objectifs en matière de recrutement, explique Neil Morrison. Mais nous voulons surtout tordre le cou à l’idée que seuls les candidats les plus talentueux passent par l’université. Ceux qui n’en ont pas eu l’opportunité ou la chance peuvent l’être tout autant. »

Le DRH ne conteste pas davantage la visée commerciale de cette initiative : « Pour publier des livres qui plaisent aux lecteurs un peu partout, nous avons besoin de salariés d’origines variées, dotés de perspectives différentes, et d’une main-d’œuvre qui reflète la société actuelle », conclut-il.

Dans les médias

THE INDEPENDENT Les métiers valorisés restent l’apanage des élèves issus du privé

Une étude indique que la quasi-totalité des professions clés reste largement dominée par des personnes issues du système éducatif privé. C’est notamment vrai de la justice, où 74 % des principaux juges sont passés sur les bancs d’une école privée. C’est aussi le cas de 61 % des médecins et de 48 % des fonctionnaires. 24 février 2016, The Independent, quotidien généraliste.

PEOPLE MANAGEMENT Le lancement d’alerte élargi

Les nouvelles règles en matière de lancement d’alertes (whistleblowing) dans les services financiers autorisent les travailleurs indépendants, les travailleurs temporaires ainsi que les consultants extérieurs à dénoncer les abus. Ces changements découlent des propositions faites en octobre dernier par les régulateurs britanniques, la FCA et la PRA. 26 février 2016, People management, mensuel et site spécialisés en GRH.

Auteur

  • Stéphanie Salti