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Sur le terrain

Emploi : à Grenoble, le prêt de main-d’œuvre s’organise

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 23.02.2016 | Éric Delon

Huit grandes institutions de recherche et d’enseignement iséroises ont mis en place un dispositif de prêt de main-d’œuvre dans un objectif de partage des compétences.

Depuis le début de l’année, pour une durée de douze mois, Ralf Huber, un technicien allemand spécialisé dans les “instruments scientifiques”, arrivé à Grenoble il y a dix ans, est mis à disposition à l’Institut Laue-Langevin (ILL), un centre de recherche international (en sciences et technologies neutroniques) basé dans la capitale iséroise. « Je vais pouvoir découvrir un nouvel univers professionnel, rencontrer de nouveaux collègues et tester des instruments scientifiques que je ne connais pas », se réjouit-il. Il réintégrera son entreprise, ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), voisine de l’ILL, à la fin de l’année.

Une mobilité « sans risque »

À l’instar du technicien allemand, cinq salariés ont intégré le dispositif de prêt de main-d’œuvre que Giant (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies), une alliance de huit partenaires grenoblois*, a décidé de mettre en place pour ses collaborateurs. L’objectif de la démarche est de permettre une mobilité professionnelle « sans risque » dans le périmètre géographique du campus Giant (250 hectares).

L’origine de la démarche vient de Ludivine Calamel, professeure de GRH à Grenoble École de Management (GEM), l’un des huit membres de Giant. « J’ai rassemblé les huit DRH il y a trois ans, avec pour objectif de mettre en commun leurs problématiques, leurs retours d’expérience et, ainsi, de capitaliser, voire de mutualiser les pratiques et les ressources », explique-t-elle. Très vite, les DRH ont exprimé leur volonté de mettre en place un processus de prêt de main-d’œuvre dans un souci de partage des compétences. « L’idée est de faire circuler les talents et le savoir. Certains DRH m’ont dit qu’ils comptaient dans leurs effectifs des experts de haut rang, présents parfois depuis plus de vingt ans et qui aspiraient à d’autres horizons, mais qu’ils voulaient conserver. D’autres collaborateurs n’osaient pas partir. Ils se sont tous mis d’accord sur la nécessité d’insuffler du sang neuf dans leurs organisations », poursuit Ludivine Calamel.

80 % des postes disponibles

Sous sa houlette, le club RH a réfléchi alors à la meilleure façon de mettre en place ce dispositif. En juillet 2015, la première convention de prêt de main-d’œuvre a été signée au sein de Giant, sur la base de l’article 40 de la loi du 28 juillet 2011 (loi Cherpion). Selon cette convention, tout prêt de main-d’œuvre ne peut s’effectuer que sur la base du volontariat, les termes du contrat de travail du salarié demeurant inchangés. « Nous avons fixé une durée maximale de dix-huit mois, mais il n’existe pas de durée minimale. L’entreprise qui prête le salarié facture à celle qui l’accueille. La rémunération du collaborateur demeure inchangée », précise Nathalie Wildes, chargée de mission RH à l’ILL. Les postes proposés à la mobilité, diffusés sur les sites intranet des partenaires, concernent 80 % de l’ensemble des postes disponibles dans ces huit entités.

Pour l’heure, « il ne s’agit pas de postes trop pointus, mais relevant plutôt de fonctions support comme les achats ou le secrétariat. Des techniciens ou ingénieurs pourraient aussi être concernés, ainsi que quelques postes scientifiques ou d’enseignement. Les profils stratégiques, comme celui de directeur de l’innovation, ont moins de chance d’être proposés mais ne sont pas exclus », avance Ludivine Calamel, qui se félicite de l’accueil positif des organisations syndicales sur ce sujet.

Les DRH se réjouissent du nombre croissant de candidatures à la mobilité, et reconnaissent que l’écosystème de Giant est particulièrement favorable : « Nous n’avons pas à affronter de chocs de cultures, analyse Nathalie Wildes. Les partenaires présentent des profils de structures relativement similaires, avec des statuts publics, consulaires ou parapublics. Ce serait sans doute moins simple d’intégrer des PME. Quoique… »

* Grenoble École de Management, Institut polytechnique de Grenoble, université Joseph-Fourier, Commissariat à l’énergie atomique, CNRS, Laboratoire européen de biologie moléculaire, Institut Laue-Langevin, ESRF.

Auteur

  • Éric Delon