La rationalisation du travail et son cortège de procédures et de reportings, placée sous la houlette du management, permettent au capitalisme de se maintenir comme seul horizon d’organisation de la production, transformant au passage toute valeur en valeur marchande pour augmenter ses profits. Le management est au cœur du processus de socialisation du travail, qui consiste à s’approprier au titre du bénéfice pour le dirigeant ou l’actionnaire, l’essentiel de la valeur ajoutée créée par les forces productives, donc pour l’essentiel par les salariés. S’appuyant sur les analyses de Marx, de Max Weber et de Michel Foucault, l’auteur, professeur de sociologie à l’université de Lorraine, décrit et dénonce « l’habitacle de servitude » construit par la mise sous tutelle des travailleurs, privés de sens critique par une disposition à l’obéissance savamment orchestrée par le management. L’auteur insiste sur la dimension politique de ce gouvernement des hommes dans la sphère productive, qui retentit sur le social. La « gouvernementalité managériale » est, au fond, le bras armé du néolibéralisme. D’autant plus efficace qu’il est presque impossible d’y échapper. L’auteur dénonce la frilosité de la sociologie dans la théorisation du capitalisme. En se détournant de l’analyse des modes de production, les sociologues contribuent à créer une sorte de tache aveugle, qui tend à envahir tout le champ de la pensée et à laquelle il devient difficile de se soustraire. Rigoureux et percutant.