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La semaine

Analyse : la réforme de la formation reste inaboutie

La semaine | publié le : 23.02.2016 | Laurent Gérard

Jean-Marie Luttringer, spécialiste du droit de la formation, auditionné par la commission parlementaire de suivi de la réforme, livre une analyse très mitigée des deux années écoulées.

Le CPF reste un embryon, la fin du 0,9 % crée de multiples incertitudes et le citoyen n’a toujours pas d’incitation fiscale à se lancer dans l’aventure du financement de sa propre formation. Jean-Marie Luttringer, spécialiste du droit de la formation, n’a pas caché ses analyses et points de vue aux députés Jean-Patrick Gille et Gérard Cherpion, chargés d’un rapport de suivi de la réforme à paraître prochainement, qui l’ont auditionné récemment. Sur les dix points techniques décortiqués par le consultant(1), trois émergent particulièrement.

Balbutiements.

« Le compte personnel de formation en est au stade des premiers balbutiements, et rien de concluant ne peut être dit aujourd’hui sur son efficience », expose Jean-Marie Luttringer. Pour lui, le CPF est un projet sociétal dont la réussite s’inscrit sur le long terme, aux alentours de 2025. « Reste la question de savoir si l’on peut greffer un embryon sur un embryon, le CPA sur le CPF ? », assène le consultant.

Deuxième point faible : « L’invitation du législateur à négocier des contributions conventionnelles et à s’engager dans une logique d’investissement formation n’a pas connu le succès escompté. » Les 100 accords de branche conclus ont une vertu pédagogique, mais leur contenu normatif est modeste. Le droit à l’évolution professionnelle et la prévention du risque d’inemployabilité ne seront effectifs que mis en œuvre par les gestionnaires des entreprises : entretien professionnel, bilan à six ans, conseil en évolution, réalité du CPF… Ce qui nécessite « un plan lourd de professionnalisation de cette fonction, engagé à l’initiative des branches professionnelles et des Opca ».

Enfin, « l’éducation permanente est renvoyée aux contributions des ménages, qui n’y sont pas encouragées par une incitation fiscale ». Selon le consultant, le co-investissement (en temps ou en argent) par le titulaire est un levier du CPF, mais il reste cantonné par la loi dans le non-dit.

Il souhaite que le discours politique s’affirme sur ce sujet. « Celui-ci sera d’autant plus recevable que des mesures fortes d’abondement des comptes CPF-CPA seront mises en place à l’initiative des pouvoirs publics (État et régions) au bénéfice des personnes faiblement qualifiées et ne disposant que de ressources modestes », conclut Jean-Marie Luttringer.

1) L’intégralité de l’analyse de Jean-Marie Luttringer est accessible sur son site : www.jml-conseil.fr

Auteur

  • Laurent Gérard