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La région PACA et les partenaires sociaux boostent le CPF

ZOOM | publié le : 17.11.2015 | Nicolas Lagrange

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La région PACA et les partenaires sociaux boostent le CPF

Crédit photo Nicolas Lagrange

Le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur et les huit organisations syndicales et patronales vont mutualiser les moyens des acteurs de la formation via une politique d’abondements multiples du compte personnel de formation (CPF). À la clé, des parcours qualifiants ou certifiants.

Un accord innovant, peut-être précurseur… après huit mois de négociation, le conseil régional de Paca et les huit organisations syndicales et patronales du Coparef (Comité paritaire interprofessionnel régional pour l’emploi et la formation professionnelle) ont signé fin septembre un accord-cadre triennal visant à faciliter le déploiement du CPF, pour en faire un outil majeur de formation des actifs autour d’orientations partagées. « Nous pourrons hiérarchiser ensemble nos objectifs et les traduire par des appels à projets, alors que, jusque-là, la région lançait des initiatives et recherchait des partenaires un par un : une démarche chronophage et parfois incomplète », explique Pascale Gérard, vice-présidente du conseil régional en charge de la formation professionnelle.

Concrètement, la région va abonder de 100 heures les CPF des publics qu’elle juge prioritaires, en croisant différents paramètres : jeunes pas ou peu qualifiés, salariés dont la qualification est obsolète, femmes en reprise d’emploi, temps partiels subis, salariés confrontés à des mutations économiques, selon un mécanisme (en cours de validation) croisant les critères liés à l’individu, au territoire et au type d’entreprise. Une action qui va au-delà des demandeurs d’emploi qui relèvent de la compétence naturelle de la région.

Coté financement, la région devrait apporter les 4 ou 5 millions d’euros du programme Iris (lire encadré ci-contre). Elle et les partenaires sociaux tablent sur un abondement du CPF par les Opca au moins équivalent, et sur le concours des entreprises concernées, voire du FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels). « En additionnant les 150 heures maximum dont disposent les salariés, les 100 heures de la région, les 100 heures des Opca et les autres abondements, les salariés pourraient bénéficier de 400 à 450 heures de formation qualifiante », souligne Didier Serna, secrétaire général de la CFDT Paca et signataire de l’accord-cadre.

Des projets portés par des groupements d’Opca

Le premier appel à projets devrait être choisi dans les prochains jours par le comité de suivi mensuel de l’accord-cadre. Parmi les chantiers envisageables pouvant bénéficier d’un CPF abondé : le projet Henri Fabre (développement d’une filière aéronautique et mécanique dans l’aire Aix-Marseille), la sécurisation des parcours des travailleurs saisonniers ou encore la promotion de CQPI (certificats de qualification professionnelle interbranches). « Pour être retenus, les projets devront être plus souvent portés par des groupements d’Opca plutôt que par un seul, en association avec des acteurs plus nombreux qu’auparavant », assure Anthony Dillmann, chef de la mission continuité professionnelle au conseil régional.

Selon Pascale Gérard, « il serait souhaitable, à terme, que la région et les partenaires sociaux puissent examiner les besoins individuels en formation dans des dossiers urgents, notamment dans les cas de plans de formation coûteux de reconversion ses salariés. » Et de prendre pour exemples le redressement des moteurs Baudouin à Cassis (lire ci-contre) ; l’accord-cadre signé en 2013 dans le domaine de la réhabilitation durable avec quatre Opca (Constructys, Uniformation, Fafcea et Fafiec) : une enveloppe de 1,3 million d’euros, dont 480 000 euros de la région, a été définie pour former les demandeurs d’emploi et les salariés en reconversion aux nouveaux métiers de la rénovation énergétique des logements. Ou encore : la possibilité offerte aux saisonniers des Hautes-Alpes d’alterner formation et période d’activité, et qui pourrait être étendue sur tout le périmètre régional. « Les trajectoires individuelles sont de plus en plus hachées, de moins en moins linéaires : il faut concevoir des briques de formation, accumulables dans le temps », estime Pascale Gérard.

Synergie entre acteurs

« Cet accord-cadre permet une démarche plus formalisée, plus systémique, qui encourage les synergies entre acteurs, assure Didier Serna. Le dialogue social régional dynamique a déjà permis de mener à bien de nombreux projets de mutualisation des moyens. » « Notre enjeu pour les prochains mois est de bien répartir ces moyens, en fonction des priorités fixées ensemble », abonde Nader Abdulkarim, signataire CFTC de l’accord-cadre. Une réponse à l’émiettement des acteurs de l’emploi et de la formation : longue à construire, difficile à entretenir, mais efficace…

Iris sécurise les parcours

Iris (Fonds d’intervention régionale pour l’investissement social) a été lancé en 2008 pour favoriser l’emploi et mieux accompagner les salariés et pas seulement les chômeurs. Il repose sur un budget annuel de 4 à 5 millions d’euros apporté par la région, et une contractualisation signée avec Opcalia et Agefos-PME. Quelques mois plus tard, des Iris sectoriels voient le jour (agroalimentaire, services à la personne, artisanat), puis des Iris intersectoriels (réhabilitation durable, transition professionnelle) et des GPEC territoriales. Avec les contributions complémentaires du FPSPP, de la Direccte, des réseaux consulaires ou encore de Pôle emploi, les fonds Iris financent des plans de formation en entreprise, soutiennent le maintien dans l’emploi, permettent d’anticiper certaines mutations ou de faciliter le reclassement de demandeurs d’emploi déjà qualifiés. Près de 17 000 personnes ont été accompagnées entre 2008 et 2014, avec une moyenne de 109 heures de formation par bénéficiaire en 2014. Près de la moitié des aides ont concerné des entreprises de moins de 10 salariés.

Auteur

  • Nicolas Lagrange